Petit traité sans prétentions de la pêche à vue de la carpe dans le Sud de la France par Julien Marcou.
En guise de préambule
Introduction ou pourquoi pêcher la carpe à la mouche ?
Mise en bouche
Vite fait : connaissance du poisson
Où pêcher la carpe à la mouche ?
Matériel et technique
Les mouches
Action ! C’est parti pour la pêche !
Quelques trucs en plus
Les mots de la fin
Quand c’est fini y’en a encore : quelques liens sympas pour voir plus
- Le but de cet article est d’apporter de l’aide à ceux qui veulent débuter dans cette pêche, un point de vue à ceux qui
traquent déjà dame carpe.
- Ceci est le partage d’une passion (parmi d’autres !) et de certitudes amenées à évoluer
(bah oui faut bien se remettre en question).
Bonne lecture et bonne pêche !!!
Julien, carpalmiste passionné.
J’aime toutes les pêches, mon credo est de me faire plaisir et si je peux faire mordre un poisson que je vois mon plaisir est à son maximum,
pour cela la pêche à la carpe est magique.
Oui mais… pourquoi pêcher la carpe à la mouche ? Une mode passagère, soulevée par quelques Tartempions ?
Un coup des fabricants pour nous refiler encore et toujours plus de matériel ?
Une pêche de substitution parce que (c’est bien connu) y’a plus d’truites !
La pêche de la carpe à la mouche n’est rien de tout ça, elle est pratiquée depuis des années à l’étranger
(Etats-Unis, Espagne, Portugal, Canada…) mais aussi chez nous par plus de monde qu’on ne le croit.
Pour ce qui est des fabricants, pas de soucis, on semble être encore loin du matériel mouche estampillé « spécial carpe »,
il faut croire que ce n’est pas un marché porteur (je suis mauvaise langue, y’paraît que cela commence à arriver).
Enfin pour ce qui est de se tourner vers la carpe parce que yapurien, à mon sens c’est une vaste blague.
Ok poissons et parcours souffrent et souffriront mais beaucoup de nos parcours sont encore fantastiques.
Non la pêche de la carpe à la mouche complète le panel des partenaires (salmonidés, poissons blancs, carnassiers, poissons marins…)
du moucheur polyvalent (libre à chacun de se concentrer sur une pêche spécifique ou pas).
Non la pêche de la carpe à la mouche est une pêche à rôder, très proche de la pêche de la truite en sèche ou nymphe à vue.
Une traque avec un minimum de matériel. Surtout ce n’est pas un pis-aller, car pour pratiquer la pêche aux appâts naturels
j’affirme que la pêche à la mouche n’est pas derrière en termes de résultats. Mes sorties avec un ami, lui appâts naturels,
moi mouche ou l’inverse nous l’ont prouvé. Les techniques se valent, sur certains parcours l’une ou l’autre technique est mieux adaptée,
en général les résultats sont sensiblement égaux.
Allez c’est parti :
Le poisson est là, une dizaine de mètres devant moi, il oscille de gauche à droite sur le fond pour intercepter sa pitance.
Le premier lancer est trop court, le second trop à droite, mais le poisson (merci à lui !) continue son manège.
Le troisième lancer sera le bon, franc décalage du poisson sur la droite, 1,2, ferrage !
Pendant quelques secondes le poisson s’est figé, sans bouger, peut-être se demande-t-il ce qui lui arrive.
La canne est courbée en deux, hagard j’en suis à me demander si je n’ai pas ferré une pierre… Mais ! La torpeur fait vite place à l’action :
d’un côté un rush puissant de la bête qui prend le parti de descendre le courant à toute vitesse, de l’autre le pêcheur qui penche
la canne et voit défiler soie puis backing dans les anneaux. Du calme tout va bien, aucun obstacle à proximité qui pourrait
permettre à la carpe de rompre le lien qui nous lie.
Oui…mais un coup d’œil au moulinet et la crainte revient : j’aperçois le fond de la bobine, il doit rester moins de 10 mètres de backing !
C’est à mon tour de démarrer et courir derrière mon adversaire tout en moulinant comme un possédé (avec au passage un double tombé
relevé et un genou douloureux). 200 mètres plus bas les choses se corsent, la carpe tente de rejoindre l’abri prometteur d’un gros
bloc au milieu de la rivière, je bride au maximum. Après plusieurs secondes, minutes (?) j’ai perdu toute notion du temps,
ma victoire se dessine, le monstre -car c’est un monstre- remonte le courant, moins vigoureux, je le suis et le manège se poursuit
un petit moment, puis je passe à l’attaque ! Frein quasiment bloqué, oh fidèle canne c’est à toi de jouer ! La bête semble vaincue et
se laisse de plus en plus venir, la grande épuisette est restée, bien loin, dans le coffre de la voiture, pas grave la zone est propice
à l’échouage, un dernier baroud d’honneur, long départ vers le large, puis je l’amène dans 40cm d’eau, je pose rapidement la canne sur
la berge et dans le même mouvement plaque le poisson contre la berge, elle est magnifique. Un couple de randonneurs s’approche de moi,
depuis quand m’observent-ils ? « On vous a vu tomber dans les rocher, nous n’avons pas compris, on est venus voir si vous alliez bien ! ».
Je décroche le poisson, une magnifique commune la mesure à la canne (1m07 tout de même) et le rend à son élément.
Je me retourne vers le couple, un sourire jusqu’aux oreilles, on discute deux minutes, ils sont étonnés que je relâche le poisson.
L’homme me demande "au fait comment appelle-t-on ce poisson ?".
"C’est une carpe…"
La carpe appartient à la famille des cyprinidés. Il existe plusieurs types de carpes, formes "sauvages" ou résultats des actions humaines en pisciculture.
- la carpe commune, longue en général, couvertes d’écailles. C’est elle que l’on rencontre le plus souvent
- La carpe miroir, plus large, possédant une écaillure formée de plaques de grandes écailles.
- La carpe cuir qui possède une rangée d’écailles le long de la ligne dorsale, son corps en étant dénué.
Deux autres types de carpes peuvent se rencontrer :
- la carpe koï : colorée de blanc, orange ou noir, parfois d’une couleur uniforme, parfois tachetée.
- La band-carp qui possède une rangée d’écaille le long de la ligne latérale (souvent grandes et différentes les unes des autres) et
une rangée d’écailles, plus petites, qui suit la ligne dorsale.
Les plus longues carpes peuvent atteindre 1m10-1m20.
Les plus lourdes faire grimper la balance jusqu’aux 35-40kg.
Histoire/Habitat : l’histoire qui veut que les Romains aient amené la carpe depuis l’Asie vers l’Europe occidentale pour l’élevage
est vraie, cependant il semble que la forme commune puisse être originaire des rivières d’Occident.
La carpe peu sensible aux températures élevées et à une qualité d’eau médiocre se retrouve un peu partout dans nos cours d’eau et
plans d’eau.
Contrairement à une idée reçue elle se plait aussi bien dans des eaux relativement courantes que dans les eaux calmes ou
stagnantes des fleuves, rivières, lacs ou étangs.
Comportement et nourriture : la carpe vit souvent en groupes de plusieurs individus qui tendent à se réduire à
quelques spécimens voire un seul plus les poissons sont gros. C’est un poisson principalement fouisseur (vase, sables, galets)
qui recherche larves, débris végétaux, mollusques, crustacés, algues, insectes et petits alevins, poissons.
L’ichtyologue russe Suetov (article dans une revue d’ichtyologie en 1939) a démontré que la carpe est le poisson qui creuse le plus
profondément le lit des rivières.
Bien que cela soit moins fréquent, la carpe ne rechigne pas à venir chercher sa nourriture en pleine eau et en surface.
Pêcher toute l’année :
- L’hiver : une idée reçue veut que la carpe ralentisse puis cesse toute activité alimentaire à l’arrivée du froid.
C’est à la fois vrai et faux, il est possible de faire de superbes pêches même durant les mois les plus froids.
L’activité des carpes se ralentit fortement lorsque l’eau descend en dessous de 6 ou 7 degrés.
Cependant elles se regroupent souvent dans les zones profondes ou très encombrées. Ainsi pour peu que la température soit positive
quelques jours, chose très fréquente par chez nous, on tire très bien son épingle du jeu.
Sur chaque cours d’eau les poissons ont des tenues d’hiver, les connaître c’est avoir de très bonnes possibilités.
Il existe aussi des parcours où les poissons sont actifs toute l’année, bien souvent ce sont des parcours urbains ou des parcours
de faible profondeur. Bref en hiver il faut chercher, chercher et encore chercher, jusqu’au moment où…
- Le printemps : les carpes se reproduisent à partir de fin avril jusqu'à juin selon les endroits. Sauf année exceptionnelle, cette année on sera très certainement en avance.
(édit avril 2012 : c’est le cas, le frai à démarré fin mars !)
Voir les carpes se reproduire est d’ailleurs une expérience passionnante, car cela donne lieu à des manifestations de la présence des poissons bruyantes et impressionnantes : sauts, courses dans peu d’eau, remous, regroupements de dizaines d’individus, souvent en bordure, dans les courants peu profonds et les zones bien pourvues en herbiers. Leurs ébats sont d’ailleurs synonymes de mort dans certains cas (asphyxie dans les herbiers ou sur la berge, prédation d’oiseaux pêcheurs…). Côté pêche l’avant fraie est souvent une période très propice, surtout car les poissons sont présents en force, leur nombre offrant de nombreuses occasions de les leurrer, l’après fraie est de même une bonne période. A noter, respectons les poissons : plein frai, les carpes sont groupées, en général elles ne mordent pas, évitons de nous acharner à les faire mordre. Il suffit de laisser tranquille le groupe et de partir un peu plus loin où l’on trouve souvent des retardataires ou des poissons qui ne frayent pas et sont actifs, cela oblige à faire un peu de marche supplémentaire mais au moins on a meilleure conscience !
- L’été et l’automne : la carpe est un poisson très actif par grandes chaleurs et températures élevées de l’eau. L’été et l’automne sont les périodes où la pêche est la plus faste, faire mordre plusieurs dizaines de poissons arrive régulièrement. Le gros de l’activité peut néanmoins se concentrer tôt le matin ou tard le soir sur certains parcours, notamment quand la chaleur est vraiment très importante. A l’inverse certains jours, il semble impossible de les faire mordre, elles errent sous la surface et boudent (presque) toutes les mouches… A certains moments, notamment avant un orage, la pluie, par temps très lourd, on assiste à des périodes de frénésie alimentaire intenses.
Au final la carpe se pêche toute l’année, les seules périodes où je ne sors pas la canne sont celles de très grands froids et lors des crues qui rendent la pêche à vue totalement impossible.
Regroupement pendant le frai 2012
Ben partout où elle est présente et où l’eau est un minimum claire pour pêcher à vue !
Les belles sont présentes aussi bien dans les cours d’eau que les plans d’eau français, même si pour ma part je trouve que les
traquer en rivière, fleuve, canaux est plus intéressant, cela laisse donc de nombreuses possibilités.
Ne comptez pas sur moi pour donner des coins précis dans cet article : on ne se connaît pas (bon d’accord je vous aide pour trois
départements : Gard, Hérault et Haute-Garonne : on trouve des carpes dans les cours d’eau qui composent le nom du département,
jsuis vraiment un type sympa)! Mettez vous en campagne ! La prospection fait partie de la pêche, elle est facilitée par les outils à
notre disposition aujourd’hui : cartes IGN, google maps, géoportail… permettent de repérer des zones potentiellement intéressantes.
Alors oui cela veut dire perdre du temps (mais du temps passé au bord de l’eau est-ce vraiment du temps perdu ?) pour chercher LE spot
mais une fois celui-ci trouvé cela deviens un peu le votre, c’est tellement mieux.
Ah oui un conseil quand même, n’ayez pas peur de jouer aux aventuriers à travers fourrés et ronces, mais prévenez quelqu’un lorsque
vous partez vadrouiller, on ne sait jamais !
Waders ou non ?
Le problème de la carpe à la mouche c’est qu’on se retrouve souvent à crapahuter dans des endroits touffus et piquants ou
difficiles d’accès.
Le problème des waders c’est qu’ils se trouent (sisi c’est pas des blagues) et qu’ils sont peu recommandés pour grimper sur des
arbres tombés à l’eau ou toute autre forme d’escalade.
Or il faut souvent passer par la case eau quand on pêche la carpe, pas spécialement pour traquer le poisson ;
il est beaucoup plus discret de rester sur la berge et d’entrer dans l’eau en ultime solution ; mais plutôt pour lui courir (nager)
derrière et/ou l’empêcher de rejoindre un obstacle. Je privilégie les waders pas chers en plastique épais pour résister aux ronces ou
les néoprènes pour l’hiver. J’utilise principalement les waders entre fin octobre et fin avril quand l’eau est froide ou lorsqu’il pleut.
Le reste du temps c’est short maillot et chaussures ou tongs pour les zones piquantes mais pas trop ou vieux jean/pantalon pourri
(renforcé par un autre vêtement dessous quand sa pique vraiment) + chaussures pour les zones infestées de ronces/orties.
Si vous êtes frileux ou si la zone pêchée est vraiment pourrie et n’engage pas à faire trempette restez sur les waders mais
attention aux trous. Une solution peu confortable mais efficace pour pêcher dans les zones très piquantes : enfiler un vieux
jean pourri/pantalon en toile par-dessus les waders ou mettre un vieux jean pourri/pantalon en toile par-dessus le short maillot ou
un autre pantalon, attention néanmoins, cela vous alourdit considérablement dans l’eau, n’allez pas là où y’a pu pieds !
N’oubliez pas la grosse douche en rentrant car certaines zones ne sont pas des plus propres…
La canne
Elle va dépendre de vous, de la taille des poissons recherchés et du/des lieux de pêche.
Si l’on enlève la canne puissance 5 avec laquelle on a tous un jour ou l’autre fait nos premières dorées et qui se révèlent
rapidement inadaptées si l’on veut poursuivre dans cette voie, je distingue plusieurs profils :
- la canne puissance 6-7, ou light, plutôt destinée à la pêche des poissons jusqu’à 6-7kg. Elle va manquer de puissance pour projeter de lourdes et grosses mouches et contrôler les gros poissons, surtout s’il y a des obstacles. Par contre, plus légère elle est parfaite pour traquer la carpe occasionnellement lorsqu’on recherche en priorité chevesnes, barbeaux ou hotus.
- La canne puissance 7-8 (avec soie de 8) et plutôt 8-9, ou passe-partout, permet de faire face à la majorité des situations. Elle doit posséder une grande réserve de puissance. Elle permet de gérer un lancer avec des engins bien lourds et de combattre au milieu des branches sans trop de problèmes et surtout reste relativement légère pour ne pas se retrouver avec un poignet ou une épaule en miette (attention néanmoins à vous surveiller si vous n’avez jamais pêché aussi lourd). - La canne puissance 9-10 ou 10-11, ou bloque-bloc, pour la recherche des très gros poissons et/ou la pêche en milieu très hostile. Sa puissance amène plus de sécurité et permet d’écourter la lutte. De plus elle peut aussi servir pour les carnassiers ou la mer. Elle reste quand même lourde pour pas mal de situations. Attention, restez à l’écoute de vos bras pour éviter de vous faire mal.
Et la longueur ?
La aussi, trois profils différents : les cannes de 8 pieds à 8 pieds 3, ont pour avantage leur légèreté, ce qui peut être un
avantage sur les spots où on lance beaucoup et loin. Je ne les aime pas : trop courtes, j’estime que le ferrage est moins
efficace et cela limite leur portée pour le lancer arbalète. Elles seront néanmoins parfaite pour pêcher en float tube,
kayak ou barque, dommage que pour l’instant il n’en existe aucune à des tarifs raisonnable (à ma connaissance).
Les cannes de 9 pieds, polyvalentes. Les cannes de 9 pieds 6 ou 10 pieds, très utiles dans de nombreux coins où la pêche à
l’arbalète est la seule possible, une trentaine de cm en plus sont un atout non négligeable.
Elles permettent aussi grâce à un plus grand bras de levier un meilleur ferrage à distance.
Plus simplement c’est aussi le choix de ceux qui aiment les cannes longues.
En magasin cherchez du côté canne à brochet, mer, très puissantes pour le réservoir et saumon une main.
On en trouve pour toutes les bourses. Une petite poignée de combat est aussi très utile. Attention avec Internet,
le problème c’est qu’on ne peut pas essayer avant, c’est prendre le risque d’avoir une canne qui ne convient pas à nos
souhaits ou à notre main.
Quelques marques proposant de bonnes cannes : Redington, Airflo, Abu Garcia, Ron Thompson, Sage…
Le moulinet
Autant pour beaucoup de pêches je considère cette pièce comme simple réserve de fil, autant pour la carpe j’y fais attention.
Choisissez un large arbor, pouvant contenir beaucoup de backing et la soie adaptée à votre canne, avec un frein résistant,
très facile à régler (de doux à dur et très dur).
Le réglage du frein est essentiel, il faut pouvoir le laisser lâche pour sortir la soie et attaquer un poisson à 15 mètres et pouvoir
le serrer très rapidement pour contrarier un poisson qui file vers des obstacles.
Bien maîtriser son moulinet (et sa canne, l’alchimie entre les deux doit être efficace)
c’est éviter bien des risques de casse sur le poisson (et dans certains cas de la canne).
Attention aux doigts ! Ou comment se faire bien mal à la pêche avec un moulinet ! Garder les mains sur la bobine lorsqu’on tient
un poisson c’est un bon réflexe. Cependant évitez de garder les doigts sur ou proche de la manivelle juste après le ferrage ou
sur un gros rush, lorsque la bobine tourne à toute vitesse elle peut brûler votre main ou alors vous pouvez prendre un bon
coup de manivelle dans les doigts ! Ça pique ! Idem pour la tenue de la soie à la main, mieux vaut combattre au frein et avec
le moulinet, pas en tirant sur la soie. Celle-ci filant à toute vitesse entre les doigts peut provoquer une vilaine brûlure.
L’idéal est donc de garder la main proche du moulinet pour freiner la bobine sur les "petits" départs ou mouliner quand il le faut et
de laisser travailler la canne et jouer du frein pour contrer les grands moments de fuite du poisson.
Pour avoir testé ces différents "bobos", notamment en hiver quand les doigts sont biens froids, je vous recommande de vous méfier.
Là aussi chercher du côté mer, brochet, saumon, quelques marques : Okuma, Loop, Shimano, JMC…
Les soies
Sans hésiter une WF, adaptée à la puissance de votre canne et robuste. Je préfère éviter les modèles « chers » (+ de 40 euros pour moi)
vu que la soie se détériore relativement facilement suite aux contacts répétés avec les pierres, ronces et autres coquillages ou branches.
Je privilégie des soies qui coutent entre 10 et 20 euros, qui durent 2-3 saisons soit autant (si ce n’est plus) que les soies beaucoup
plus onéreuses que j’ai eu l’occasion de pratiquer. L’avantage avec des modèles plus chers reste cependant une meilleure précision
au lancer, mais ça avec de l’entrainement on peut le résoudre.
C’est avec une soie flottante que je pêche 95% du temps, parce que je trouve cela plus intéressant et car pour les zones où
la carpe se cherche à vue cela suffit (profondeur de 20cm à 3-4m). Le bas de ligne et un lancer bien maîtrisé suffisent donc à
amener la mouche à la bonne hauteur d’eau. Les 5% du temps restant (et encore) j’utilise une soie plongeante.
Attention choisir une soie S6 ou S7, du très plongeant donc, tout simplement car le temps d’immersion est donné pour des eaux calmes,
or bien souvent il y’a toujours un léger courant qui fausse ces chiffres et il faut aller au fond !
Cela fait deux-trois ans que je n’ai plus utilisé de soie plongeante, elle reste très utile dans des cas très précis et
surtout en hiver et pendant les périodes de froid lorsque les poissons sont rassemblés dans des fosses profondes ou les courants.
Il faut alors réussir son lancer pour que la soie racle le fond et roule sur celui-ci de façon à ce que la mouche arrive au niveau
des poissons. La difficulté est alors de voir le poisson prendre, pour cette pêche les mouches grosses, visibles et colorées sont les
plus adaptées. Être en surplomb du poste aide à mieux voir la mouche disparaître ou le poisson se décaler car la pêche dans les grandes
profondeurs réduit la visibilité.
L’entretien de la soie : c'est-à-dire le nettoyage et le graissage.
Une soie synthétique bien que synthétique a tendance à couler au bout d’un temps d’utilisation, surtout employée dans des eaux pas
toujours de top qualité.
Pour y remédier :
1 : dévider la soie sur un sol propre, un tissu.
2 : avec une éponge légèrement imbibée d’eau passer plusieurs fois sur toute la longueur de la soie
(rincer l’éponge entre chaque passage).
3 : avec du papier absorbant (type sopalin, 1-2 feuille(s) pliée(s) en 4), partir du backing et sécher la soie en appuyant
bien sur le sopalin pour retendre la soie et la dévriller.
Répéter l’opération plusieurs fois (éponge puis sopalin). Attention : pas trop fort sinon la soie chauffe et elle n’appréciera pas.
4 : avec de la graisse (type mucilin rouge ou autre), soit sur vos doigts, soit sur un petit bout de papier absorbant,
passer le long de la soie. Attention, point trop n’en faut. Puis rembobiner la soie sur le moulinet.
Le backing
C’est du 30lbs au minimum. Certains utilisent de la tresse, on m’a toujours dit que c’était abrasif pour les anneaux et je n’ai pas cherché plus loin jusqu'à cette année grâce à l’un de mes détaillants (merci Jean) qui utilise de la tresse à la place du backing pour la pêche des très gros poissons marins à la mouche. Il n’a jamais eu de problèmes du coup j’ai équipé mes deux derniers moulinets de tresse. Cela a déjà deux avantages : on trouve des diamètres beaucoup plus importants très facilement et dans des conditionnements qui permettent de mettre sans soucis 100-150m de tresse dans le moulinet + la soie sans surcharger. Pour le moment je n’ai aucun problème, comme quoi croire les on dit… A mon sens 40 mètres de réserve sont un minimum, 80 mètres la base, au final mieux vaut en mettre autant que possible (tant que la soie ne surcharge pas le tout), on ne sait jamais ! A propos de la capacité du moulinet : si 100m de backing entraînent une surcharge une fois la soie ajoutée il est possible de couper plusieurs mètres de cette dernière (du côté où on la raccorde au backing hein !) pour gagner de la place. Je ne sais pas vous mais moi de toute façon les 30 mètres de soie je ne les déploierai jamais (ou alors un jour peut-être si la grâce me touche) et encore moins en recherchant la carpe, alors quelques mètres en moins…
Pour le raccord bobine-backing je procède ainsi :
une fois à la dernière étape, couper le bout libre à quelques mm de la bobine et brûler celui-ci ou mettre une goutte de colle extra-forte, cela empêche la glisse du nœud.
Raccord soie-backing : là je vous renvoie directement vers le net ou un ouvrage, les façons de procéder sont nombreuses.
J’emploie le nœud Albright, renforcé par une goutte de colle extra forte, en le réalisant avec soin il reste discret et passe
bien dans les anneaux (voir ici), une discussion avec l’ami
Jean du magasin Eden Pêche sur cette pêche et celle des gros poissons marins m’a appris qu’il utilisait lui le bimini twist et
surtout pas de colle, à voir.
A propos du prix du matériel :
Cannes, soies et moulinets se trouvent à tous les prix, la logique "plus c’est cher mieux c’est" est à la fois vraie et fausse, mieux vaux rechercher du matériel adapté, qui vous plaît et tant mieux si vous pouvez y mettre le prix.
Bas de ligne
Je parlerais uniquement de bas de ligne en nylon, je n’ai jamais aimé la tresse que j’accuse de trop de décrochés
(ou alors c’est ma faute !) !
Raccord soie-bas de ligne : pas de prise de tête là aussi, du fiable et du solide. Plusieurs techniques existent, je vous renvoie
vers le net ou un bouquin, au choix nœud avec ou sans aiguille/tube. Par contre je joue sur une double sécurité en perçant
la soie (avec une aiguille chauffée) sur 1 cm environ, puis je fais le nœud. Une goutte de colle extraforte rend l’ensemble quasi
indestructible. Le premier nœud expliqué ici va bien même si
je préfère percer la soie puis le faire.
Côté nylon les grandes marques mouche conviennent : kamoufil ou maxima, je préfère le premier (question de goût uniquement).
De plus en plus je me tourne vers d’autres marques (teklon gold, asso ultra…) car je consomme beaucoup et surtout car le
conditionnement en grande quantité est plus facile à trouver ce qui revient moins cher.
Diamètres : du 16 au 40/100°, je commence le bas de ligne en 40/100° et ma pointe est en général en 25 ou 30/100°.
Quelques formules :
- Carpe classique (soie flottante) : 60cm de 40/100° + 50cm de 35/100° + 40cm de 30/100° + pointe 80cm à 260cm de 30/100° ou 25/100°.
Pour des poissons très éduqués je l’allonge en rajoutant 2 à 3 portions de 30cm de 30/100° puis une pointe de 2m
(ces portions permettent un posé plus discret). Je le rallonge également ainsi quand la sèche est de mise.Il passe partout
(et convient bien pour les carnassiers, petite crinelle en plus pour le brochet), ma pointe de base fait 120cm, ce qui donne une
longueur totale de 2m70. Je l’allonge lorsque les poissons sont difficiles, qu’il faut descendre plus profond ou être discret.
Cette longueur qui peut paraître courte permet d’avoir une bonne précision et de lancer plus facilement des mouches lourdes.
- Carpe en milieu hostile / gros poissons (soie flottante) : 60cm de 40/100° + 50cm de 40/100° ou 35/100° + pointe 200cm de 40/100°
ou 35/100°. Du lourd pour du lourd, indispensable en présence de branches (troncs !), s’il est impossible de suivre le poisson dans
l’eau ou le long de la berge, en présence de « monstres » ou si tous ces critères se retrouvent. Un bas de ligne court car souvent
employé pour pêcher court, la soie doit donc pouvoir rapidement être en action, de plus on joue sur l’élasticité du nylon pour
combattre dans nos pieds avec juste une longueur de canne.
- Bas de ligne soie plongeante : 30cm de 40/100° + 20cm de 35/100° + pointe 30 à 60cm de 30/100°. N’ayez pas peur de la longueur,
on en reparle au chapitre lancers et animations.
Deux interrogations vous ont peut-être traversé l’esprit :
- Pourquoi pas du plus lourd que le 40/100° ? Au-delà du problème économique (oui j’suis radin) et de rangement
(j’aime avoir tous mes nylons sur moi au cas où) c’est surtout par sécurité pour la canne (nylon trop puissant = risque d’exploser
la canne) et pour ne pas trop ralentir l’immersion de la mouche. De plus avec des mouches qui même pour les plus légères ont
du poids j’estime qu’il n’y pas besoin de commencer en 60 ou 55/100°, le poids de la mouche permettant de déployer le bas de ligne,
même si je reconnais que l’on perd un peu en précision, c’est donc au pêcheur de s’adapter.
- Pourquoi parler de 16/100° alors qu’on ne le retrouve pas dans les formules ? Tout simplement car il s’agit de formules générales,
après il faut s’adapter selon les situations. L’année où j’ai commencé la pêche de la carpe à la mouche ma pointe était entre le 14 et
le 18/100° et malgré la prise de beaux poissons les casses étaient légion, surtout au ferrage. J’ai donc progressivement augmenté
le diamètre de ma pointe pour avoir au final comme base en pointe le 25 ou le 30/100°. Il m’arrive toujours de descendre en 20
voire 16/100° pour pêcher des poissons de petite taille, très difficiles ou arriver très vite à la bonne profondeur
(notamment dans les courants réguliers).
Les nœuds pour raccorder les sections du bas de ligne :
j’utilise soit le nœud baril, soit le chirurgien, soit celui-là,
qui me semble t-il avait été popularisé par l’immense Daniel Maury. Du classique quoi.
Les nœuds pour la mouche :
soit l’indestructible Palomar qui a comme défaut une forte consommation de nylon,
soit le nœud de cuiller que j’évite en présence de gros poissons.
Petit conseil : la pointe est mise à rude épreuve durant les combats, je la change régulièrement après plusieurs prises. Je refais également le bas de ligne intégralement plusieurs fois par an.
(Edit septembre 2012 : l’ami Phil de l’extraordinaire site Avozetto.com m’a fait découvrir tout récemment de nouvelles formules très très intéressantes pour la truite et quelques premiers tests en les adaptant pour la carpe se sont montrés déjà convaincants. Il faudra bientôt je le crains pour améliorer encore plus ma pêche que je range ma radinerie au placard pour commencer mes bas de ligne en 50/100°, les tests se poursuivront l’année prochaine et je vous tiendrais au courant. En tout cas merci Phil !)
Trucs qui ressemblent à des nymphes
On peut parler de nymphes car la plupart de celles que j’utilise sont des modèles destinés à la truite que j’ai détourné en
les montant sur des hameçons de grande taille.
Vous trouverez celles-ci (et toutes les autres mouches) dans la partie fiches de montage.
D’autres viendront enrichir cet espace au fil du temps.
Ce sont des mouches relativement imitatives (ou tout du moins j’espère imiter quelque chose). Elles imitent des proies recherchées
par la carpe : chironomes (larves), crevettes, écrevisses, larves rampantes, alevins, débris végétaux… Elles sont montées sur
des hameçons forts de fer, très forts de fer, droits ou courbes du n°10 au n°2/0.
Evitez les hameçons "spécial mouche", dont seuls les forts de fer spécial streamers ne s’ouvriront pas régulièrement sur les
beaux poissons. Préférez les hameçons des carpistes, pour le silure et forts de fer mer. Pour ma part après pas mal d’essais
j’utilise énormément des hameçons à daurade très forts de fer et carpe, qui ne m’ont jamais trahi pour l’instant.
Le plombage : pour faire face à toutes les situations il convient d’avoir des mouches lestées de différentes manières. Soit grâce à des billes laitons ou tungstènes soit grâce à du fil de plomb. N’oubliez pas que plus la mouche est lourde plus le lancer doit être contrôlé sinon attention à la canne !
-Pour les billes : soit une, soit deux, soit plus (mais attention, personnellement les 3 billes et plus sont réservées au lancer arbalète). Pour mettre les billes sur des hameçons forts de fer (eh oui des fois elles ne passent pas) voici une astuce :
J’utilise des billes de 3 à 4,6mm.
- Pour le plomb : plusieurs options, sans plombage (poids de la hampe).
Avec une couche sur la hampe.
Avec une couche et demie.
Avec deux couches sur la hampe. Plus le corps devient vraiment trop épais. On peut réduire cette épaisseur en utilisant du plomb plat.
Combiner bille(s) + plomb est souvent nécessaire.
- Les yeux chaînette de lavabo (à acheter au mètre dans les magasins de bricolage, c’est beaucoup moins onéreux, même s’il est parfois difficile de trouver une taille correcte) permettent de rajouter du poids et un effet œil.
- Si vraiment c’est encore trop léger (vous pêchez les chutes du Niagara ou bien ?) ou si le lancer devient trop hasardeux (une mouche ultra plombée dans la tête sa pique un peu…) passez en soie plongeante avec une mouche très peu plombée voir pas du tout.
Pour ceux que la lourdeur des mouches choque je rappelle que la carpe se nourrit principalement sur le fond et il faut y arriver vite, les enclumes n’étant pas non plus les mouches qu’on utilise le plus souvent, mais il faut bien en parler ! En rivière le courant ayant un effet important sur la dérive de la mouche cela explique aussi ce plombage, en plan d’eau on peut pêcher beaucoup plus léger. En général je pêche avec des mouches qui ont une couche de plomb ou une bille tungstène.
Le problème des nymphes c’est leur visibilité, surtout à grande distance, si pour la truite en nymphe à vue les réactions sont
très visibles, pour la carpe il faut perdre un peu de temps à observer pour connaître ses réactions et s’y habituer.
On a ainsi tendance à garder le contact visuel avec la mouche, là est la grande différence avec la truite (bon en même temps seuls
ceux qui ont une vue bionique peuvent voir une nymphe de 18 sous un mètre d’eau, avec une mouche montée sur du 2 c’est plus simple !).
A courte portée c’est souvent simple mais plus loin c’est compliqué.
J’essayerai d’être clair sur les diverses réactions de la carpe (prise de la mouche) au chapitre ferrages.
Toutefois cela reste très difficile à expliquer avec des mots, le plus simple est d’observer, pratiquer en acceptant de ne pas
pêcher ou de louper un certain nombre de poissons.
Les streamers
La carpe est friande des streamers, ces mouches-leurres sont particulièrement efficaces. Petits poissons et alevins font
partie de l’alimentation de dame carpe, ce ne sont pas les proies les plus consommées et tomber sur des carpes en chasse
n’arrive pas tous les jours, mais quand cela arrive avoir des imitations de poissonnets peu s’avérer très rentable.
Ainsi les streamers que l’on va utiliser vont surtout imiter trois types de "proies" potentielles : écrevisses ;
limaces/sangsues/vers/grosses larves rampantes ; débris végétaux.
Ces streamers doivent être montés avec des matériaux mobiles, lapin et marabout en tête, pour donner une impression de vie et
de mouvement. Les couleurs seront variées : noir, olive, orange, jaune, blanc étant celles de base.
Le plombage sera comme pour les nymphes du très léger au très lourd.
Les avantages des streamers sur les nymphes sont leur mobilité et leur visibilité (à la fois pour le pêcheur et pour le poisson),
notamment dans les eaux un peu troubles et dans les courants. Il ne faut pas hésiter à les monter sur des hameçons
de belle taille (garder à l’esprit qu’une carpe de quelques kilos peut gober une écrevisse de 15cm) sans toutefois exagérer,
surtout dans un souci de discrétion. Le 0 ou le 1/0 permettent déjà de présenter de belles bouchées.
A l’inverse de petits streamers discrets montés sur du 6 jusqu’au 10 doivent aussi trouver leur place dans nos boîtes.
Et bien sûr la taille intermédiaire du 2 au 6 qui sera le plus souvent utilisée.
Les Originales
Sur le net on tombe parfois sur des choses passionnantes et des personnes sympathiques qui partagent leur vision des choses,
sans rien attendre en retour. C’est grâce à l’une de ces personnes que je me suis mis à utiliser ce que je me permets d’appeler
les « Originales ».
Ces mouches sont principalement montées à base de perles (pour collier, décoration, en bois, plastique…) et sur un cheveu
comme les appâts des carpistes. Après une première saison d’utilisation et beaucoup d’essais je suis particulièrement enthousiasmé.
Elles sont très simples dans leur conception, les variantes sont infinies et malgré les doutes qu’on peut avoir légitimement en les
voyant, les poissons adorent.
Des mouches qui ouvrent donc de nombreuses possibilités, qui prouvent que tout et n’importe quoi peut marcher
(bon pas tout le temps non plus…) et démontrent encore une fois que l’approche et la présentation restent les facteurs les plus
importants pour amener à la prise du poisson.
Pourquoi elles marchent ? J’aime comprendre (ou croire avoir compris !), quelques pistes de réflexions.
Quand on les regarde de plus près on peut dire que ce sont des imitations de graines (maïs, noix tigrée, pois chiche…) ou autres bouillettes. Ok et leur utilisation dans des zones pêchées et amorcées régulièrement par des carpistes a montré qu’elles y étaient très efficaces. Mais des essais dans des coins très éloignés des sentiers battus ou nul carpiste (même depuis le retour au premier plan de la pêche à roder, pardon du stalking) n’a posé ses graines et ses bouillettes ont été très positifs. Comment expliquer que des carpes qui n’ont jamais vu de graines ou de bouillettes soient folles de perles de toutes les couleurs ou aux formes diverses. Des discussions avec des connaissances carpistes m’ont apportées deux autres pistes :
- celle des carpistes pro additifs, arômes et autres mix dans leurs appâts qui renforce l’idée que les carpes ne voient pas les originales comme des bouillettes/graines car elles sont attirées par l’odeur et les composants des vraies appâts, or nos perles sont en plastique ou en bois. Ce serait donc autre chose.
- celle des carpistes qui croient plutôt à la couleur et à la taille des appâts comme déclencheur de la prise. A ce moment là sur les zones pêchées on a une bonne explication du pourquoi elles prennent.
D’autres pistes :
- les mouches avec plusieurs perles représentent un vers, une larve de chironome, une écrevisse… de façon abstraite.
- Les mouches avec une perle représentent un fruit tombé à l’eau (notamment mûre et cerise), mais elles marchent aussi très bien en hiver (c’est même en hiver que j’ai eu mes meilleurs résultats).
- Les mouches représentent un œuf de poisson. J’y crois assez peu ou alors avec des perles de très petite taille car les œufs de poissons même pour les plus gros ne font pas la taille des perles. Et à ce moment là (rappel il est interdit de pêcher avec des imitations d’œufs de poisson) il faudrait interdire tout appât rond mais aussi les nymphes à billes qui elles par contre de par leur taille se rapprochent beaucoup plus des œufs de poissons…
- Les carpes attaquent ces mouches/leurres par réflexe/agressivité ou concurrence alimentaire.
Bref à l’heure actuelle, pardon d’avance, mais je m’en bats les steaks et je vais à la pêche.
Ce style de montage à beaucoup d’avenir devant lui, seule notre imagination le limite. Depuis le début 2012 je teste
des mouches-coquillages (cf fiche de montage : la coquillcarp) qui se sont révélées d’une efficacité redoutable.
Il est également très facile de détourner des faux appâts carpistes (style bouillettes et maïs en plastique) pour les monter,
bien que cela soit efficace : moi j’aime pas !
Emergentes et mouches de surface
La carpe gobe c’est un fait, le problème c’est de tomber sur des poissons en pleine action puis de leur proposer la mouche adéquate.
La pêche en surface est relativement aléatoire et dépend souvent de conditions particulières ou d’un moment de l’année ou de la journée.
Voici quelques-unes de ces situations :
- les carpes gobent les "moutons" (bourre de peupliers). Au mois d’avril cette bourre blanche recouvre nos eaux, il est fréquent que les carpes et beaucoup d’autres poissons viennent les prendre en surface. Même s’il s’agit souvent de petits spécimens. Une mouche simple montée sur un hameçon du 6 au 10 avec juste un dubbing blanc aéré ou une à deux plumes de cul de canard blanc tournées autour de la hampe présentée sur la zone où les gobages se produisent permet de toucher du poisson.
- Les carpes marsouinent dans les zones d’herbiers peu profondes ou gobent dans des zones relativement "polluées". Elles sont souvent sur les chironomes et prennent juste sous la surface, des mouches comme celle-ci,
montées sur un hameçon lourd pour juste les noyer sous la surface feront l’affaire à condition de les poser sur la
trajectoire suivie par le poisson ou la zone de prise.
Un gros remous signale la prise de l’artificielle.
- Les carpes interceptent des fruits en surface. Cas de figure fréquent lorsque les fruits sont mûrs (ronciers, fruitiers en bordure ou surplomb de l’eau). Une mouche simple en dubbing noir ou rougeâtre, vert… ou avec une perle en bois/plastique permet de faire monter les poissons à la surprise.
- Les carpes gobent/ sont en chasse à la fin d’une chaude ou orageuse journée d’été. Elles sont soit sur des chironomes, soit sur des débris végétaux flottants, soit sur des grenouilles ou des alevins, soit sur les libellules/demoiselles. Un chiro, un petit popper ou une imitation de libellule peuvent rapporter gros.
- Les carpes maraudent en surfaces et sont inactives : une mouche très légère genre la dub ou très légère et de couleur agressive peut amener la prise.
Quid de l’hameçon : monter des sèches sur les hameçons très forts de fer présente le problème du poids, la mouche
risque de vite se retrouver sous l’eau. Il faut donc monter avec des matériaux très flottants ou revenir à des hameçons
plus fins de fer.
Dans le deuxième cas, pendant la bagarre il faudra être plus souple, monter un peu plus fin en pointe pour éviter d’ouvrir l’hameçon.
Attention cependant à ne pas faire trop durer la lutte le poisson pourrait en souffrir.
Prendre une carpe en surface est un moment magique ! Bonne chance !
Les mouches "cpadujeu"
Je range dans cette catégorie trois types de mouches : les mouches pain, les mouches montées à base de faux appâts carpistes et (plus récemment) les mouches/leurres/perles imitant les bouillettes.
Je dis "c’est pas du jeu" tout simplement car souvent on utilise ces mouches sur des zones où le poisson a été amorcé,
or si le moucheur doit savoir tirer profit de ces situations je ressens personnellement plus de plaisir à leurrer une carpe
dans un milieu "sauvage" (ou considéré comme tel !) et peu fréquenté que sur des zones où le poisson est habitué à trouver
sa nourriture à heures fixes.
Pour autant ces mouches tiennent encore une petite place dans ma boîte, je les utilise de moins en moins
(à mes débuts je les utilisais beaucoup plus que les autres), j’ai juste moins de plaisir à leurrer un poisson avec une mouche
de ce type qu’avec une mouche "naturelle" ou totalement abstraite.
- Les mouches pains : c’est grâce à elle que la plupart des moucheurs vont attraper une carpe. Flottantes ou coulantes
elles sont très efficaces sur les parcours urbains ou les plans d’eau où les carpes sont habitués à se nourrir du pain jeté aux canards.
Voir d’ailleurs carpes et canards se disputer le pain en surface est un spectacle fort sympathique.
La revue Pêche Mouche avait pondu un article intéressant faisant découvrir les vertus de l’éponge pour imiter le pain.
Personnellement je préfère les modèles en mousse de récup (bourre des fauteuils, des valises d’instruments chirurgicaux, de rembourrage,
pour protéger les canalisations…) blanche ou jaune, les modèles en marabout comme la Muletor de C. Lecoq (
fiche de montage ici) ou encore les modèles en chevreuil taillé.
A venir une fiche de montage d’un modèle diabolique, surveillez le coin fiche de montage streamer (mouche pain).
Bref des mouches simples et efficaces.
- Les mouches "carpistes" : sont tout simplement des modèles montés avec des substituts d’appâts carpes ou pêche au coup comme ces maïs,
un tour au rayons carpe et coup vous feront trouver plusieurs produits utilisables pour faire des mouches.
Il existe plusieurs façons de les monter : collés sur la hampe, piqués et collés, montés avec un cheveu…
- Les mouches "bouillettes" sont tout simplement des originales montées avec une perle ronde, mais cela imite aussi un fruit par exemple.
Bref des modèles qui peuvent avoir leur utilité, surtout si vous n’avez aucune rivière permettant la pêche à vue près de chez vous mais uniquement des plans d’eau par exemple. Cependant ne tombons pas dans l’excès, certains moucheurs amorcent (notamment au pain pour faire venir les poissons en surface), quand je vais pêcher à la mouche c’est justement pour laisser à la maison mon matériel de pêche au coup ou à l’anglaise… Après chacun est libre de faire ce qu’il veut…
Un petit point réglementation
La réglementation française reste relativement floue et sujette à diverses interprétations dans beaucoup de départements et en fonction des personnes que l’on rencontre. Ainsi n’oublions que la pêche au streamer est interdite durant la période où la pêche du brochet est fermée. Or nous pêchons la carpe au streamer, même si nous sommes de bonne foi, un garde pourrait lui ne pas l’entendre ainsi et il reste toujours la (très) faible possibilité q’un brochet embusqué se jette sur notre mouche. Chacun en son âme et conscience décidera ou non de remiser les mouches pouvant ressembler de près ou de loin à un streamer pendant la fermeture. Pour ma part j’élimine de mes boîtes ces mouches (ce qui comprend également certaines très grosses nymphes), pas spécialement pour respecter la réglementation, mais parce que c’est un challenge intéressant que de se retrouver pendant une période privé de certains atouts, cela oblige à s’améliorer, tester de nouveaux modèles…
Le détail qui tue
Ce détail c’est l’ardillon, nous utilisons des hameçons de grandes tailles, écraser l’ardillon est un acte qui se généralise
doucement. Pour moi l’unique avantage c’est tout simplement qu’écraser l’ardillon permet de décrocher plus rapidement le poisson,
donc de le garder moins longtemps hors de son élément. Depuis des années j’écrase systématiquement mes ardillons et j’estime ne
pas décrocher plus de poissons que si je le conservais. Un décrochage est bien plus souvent la faute du pêcheur que du matériel.
La carpe est un magnifique poisson, autant lui laisser toutes ses chances en cas de casse !
On m’a fait remarquer récemment que sur les fiches de montages l’ardillon n’était jamais écrasé, c’est vrai,
j’ai pour l’habitude d’écraser l’ardillon au moment d’accrocher ma mouche à ma ligne ou de la ranger dans sa boîte,
mais promis à partir de maintenant je l’écraserai sur les fiches de montage !
L’approche et la position du poisson
On peut aussi bien attaquer en amont ou en aval, en amont on à l’avantage d’être moins visible dans la plupart des cas et en aval d’être mieux positionné pour voir la prise de la mouche. Attaquer dans un sens ou dans l’autre dépend en général du parcours et n’a pas une importance capitale à mon avis. L’approche c’est ce qui fait 50% de la pêche, autant la réussir donc. On peut la commencer à la maison par le choix d’habits camouflage et en mettant au bord de l’eau un foulard sur la tronche (et bien sur en éliminant tout ce qui brille sur son gilet). Je ne suis pas convaincu par les foulards, je préfère une barbe c’est plus naturel ! Blague à part je pense que le fait de camoufler son visage joue plus sur le mental : si on y croit ça marche, si on y croit pas tant pis. Pour la coloration des habits je reste sobre dans les tons vert-marron mais là aussi pas sur que cela change grand-chose. Par contre cette année j’ai eu une conviction : sur les zones de galets j’ai remarqué que les poissons s’enfuyaient beaucoup plus quand je marchais avec des semelles en dur ou des waders sans semelles en feutre, obligeant à encore plus soigner l’approche. L’approche au bord de l’eau c’est avant tout avancer tout doucement, s’arrêter souvent et observer beaucoup. Il ne faut pas hésiter à se planquer derrière un fourré, au milieu d’un bosquet de ronce, de passer une après midi à genoux voire de ramper. En bref il ne faut pas hésiter à prendre son temps et à utiliser le milieu qui nous entoure. Pour repérer une carpe c’est facile : il faut juste différencier pierre ou algue sur le fond et carpe, si la pierre bouge c’est soit une algue soit une carpe si l’algue bouge et à une queue c’est une carpe. Tout ce qui est posé sur le fond est potentiellement un poisson, fixez la cible pendant un moment, si elle avance ou si vous voyez la queue onduler ou les lèvres aspirer le fond c’est une carpe ! Si le poisson est à mi-hauteur ou en surface c’est beaucoup plus facile à repérer mais souvent plus compliqué de les faire mordre. Il est possible d’approcher certains poissons à moins de 2 mètres par la berge mais aussi dans l’eau. L’approche dans l’eau est à éviter, les poissons sont très sensibles aux vagues produites, si vous n’avez pas le choix il faut avancer extrêmement lentement et attaquer de relativement loin le poisson, sauf en attaquant par l’amont et dans les courants où en général on peut s’approcher près de la cible.
Un poisson qui gratte le fond est un poisson très abordable, il se nourrit, donc est prenable, si vous réussissez à l’approcher il suffit généralement de présenter correctement la mouche pour le faire mordre, s’il semble s’éloigner il vous à peut être repéré : deux solutions, attendre pour voir s’il se replace, lancer pour tenter de l’intercepter. Des poissons inactifs en surface ou entre deux eau (je parle hors période de frai), ce qui est souvent le cas en été et en plein hiver, sont très difficile à faire mordre, il faut leur proposer soit de très petites mouches épurées soit des mouches très agressives voir une sèche, en général on ne les fait pas mordre… Des poissons actifs entre deux eaux ou en surface se prennent avec une nymphe très légère, adaptée au courant pour arriver dans la gueule du poisson ou avec une sèche.
Pas une algue, pas un rocher, une carpe en action !
Approche finale !
Lancers
- Lancer court sous la canne : tout est dit, il suffit de relever la canne de bas en haut tout en lâchant sa mouche puis d’abaisser la canne pour amener la mouche dans l’eau discrètement. Utile pour les endroits encombrés où l’on peut à peine faire passer la pointe de la canne et pour intercepter un poisson qui nous arrive dessus à très courte distance. Distance de pêche 0,5 à 3 mètres.
- Le lancer arbalète : c’est un lancer court qui permet de pêcher entre 3-4 mètres et jusqu’à 7-8 mètres. Son utilisation
est la même que pour le lancer sous la canne, certains parcours très encombrés ne se pêchent qu’à l’arbalète.
Réalisation : avec la main libre tenir la mouche entre le pouce et l’index en pinçant la courbure de l’hameçon.
La main qui tient la canne bloque également la soie. On utilise une longueur de fil qui fait d’un peu moins d’une longueur
de canne à 1-2 mètres de plus grand maximum, la longueur optimale étant un peu plus que la longueur de la canne.
Canne face à soi, bras tendu, l’autre main part vers l’arrière et bande la canne. L’arbalète se pratique bras tenant la mouche
vers le haut ou sur le côté mais pas dessous la canne (beaucoup moins efficace). Il suffit de lâcher la mouche et d’abaisser
la canne après avoir visé la cible. Ce lancer est énormément utilisé pour pêcher la carpe à la mouche il vaut donc mieux bien
le maîtriser.
Une damoiselle prête à être interceptée à l’arbalète.
- Le lancer pseudo roulé : doit certainement avoir un autre nom celui-là mais je ne le connais pas. C’est un lancer qui permet
de pêcher entre 5 et 12-15 mètres quand la végétation alentour gène et empêche d’effectuer des lancers normaux.
Réalisation : tout en tenant la mouche comme si vous vouliez réaliser un lancer arbalète, sortir la soie en tirant dessus ou en
fouettant sur les côtés (si cela est possible). Quand la longueur de soie est obtenue, rabattre rapidement tout vers l’avant
(comme si vous vouliez faire un roulé) en formant un demi-cercle avec la soie et lâcher la mouche en l’accompagnant.
- Lancer simple, roulé et double traction : destinés à une action de pêche "normale" pour attaquer les poissons à n’importe qu’elle distance. Le seul problème reste le dégagement arrière qu’on ne trouve pas toujours au bord de l’eau.
Si vous êtes un pur débutant qui n’a jamais touché une canne à mouche, pas d’hésitation à avoir : approchez vous d’un club ou d’un guide de pêche pour une initiation au lancer.
Edit 2012 : Pas facile d’expliquer les lancers sans images, à voir si on peut faire de la vidéo en 2013, à suivre…
Autre point, la différence soie flottante/soie plongeante : si vous n’avez jamais utilisé de soie plongeante il vous suffit de savoir que l’arraché doit être plus puissant (la force d’inertie étant plus importante vu que la soie est sous l’eau) et qu’il vaut mieux ramener la soie jusqu’à ses pieds avant de relancer.
Présentation de la mouche
Bon approche ok, lancer ok mais maintenant comment positionner la mouche pour éviter fuite du poisson ou refus ?
On pourrait appeler ça présentation correcte exigée.
Plusieurs possibilités : déposer la mouche de façon à ce qu’elle arrive dans un périmètre que le poisson ne peut ignorer,
positionner la mouche sur la trajectoire du poisson puis animer ou pas, placer la mouche plus loin que le poisson puis déclencher
son intérêt par une animation. Ces phases se doivent donc d’être contrôlées.
Avant de les expliquer plus en détail une interrogation : pourquoi animer ? Il faut se mettre en tête que la carpe est un poisson
relativement curieux et qu’il peut être agressif. Ainsi une mouche qui tombe sur la tête d’un poisson jamais sollicité aura
toutes les chances d’être vite engloutie, de même un reflexe d’attaque peut avoir lieu au passage de la mouche,
encore la carpe est un poisson qui n’hésitera pas à entrer en compétition avec plusieurs de ses congénères pour intercepter
une proie, enfin le reflexe de fuite d’une proie notamment écrevisses et alevins est naturel donc la carpe ne s’en étonnera pas.
Comme pour la pêche de la truite en nymphe à vue il ne faut donc pas hésiter à animer sa mouche selon les cas.
- Sans animation : pour une présentation sans animation on s’attachera à amener la mouche dans le champ de vision du poisson.
Il faut donc lancer avec l’optique que lors de sa descente la mouche arrive dans ce champ de vision. Pour cela on peut donc soit
lancer en plein sur le poisson (ou un peu avant ou bien avant en fonction du courant pour que celui-ci joue son rôle et amène
la mouche à la bonne profondeur), la mouche descend et si le lancer est bon le poisson relève la tête et l’intercepte ou
la récupère sur le fond. Cette tactique de pêche à la surprise marche dans de nombreux cas, elle peut cependant se révéler
très néfaste et entraîner ce qu’on ne veut pas à savoir la fuite du poisson. Il faut alors calculer son lancer pour que la mouche
soit dans la trajectoire suivie par le poisson s’il se nourrit en mouvement ou lancer plus loin que le poisson et ramener
délicatement la mouche dans sa trajectoire. Puis laisser couler la mouche devant lui. C’est plus difficile, il faut souvent
allonger la pointe pour éviter que la soie perturbe le poisson mais cela reste très rentable.
Quand on parle de ne pas animer on entend donc ne pas faire bouger la mouche une fois que le poisson l’a repéré.
- Avec animation : si l’on subit des refus sans animer, si on a l’impression que les poissons ne voient pas notre mouche ou
tout simplement si l’on utilise des mouches propres à être animées comme les imitations de sangsues/limaces, poissonnets ou
encore écrevisses l’animation est la bienvenue.
A vrai dire dans cette pêche de la carpe à vue où la mouche est souvent gardée en contact visuel par le pêcheur l’animation doit
être maîtrisée, c’est elle qui permet à la fois de déclencher la prise mais aussi de savoir avec précision où se trouve la mouche
par rapport à la bouche du poisson. On en arrive ainsi à plusieurs manières d’animer la mouche en fonction des cas présents.
Sur un lancer en plein sur ou derrière le poisson il ne faut pas hésiter à faire une petite tirée sur la soie (5-15cm) si
la mouche est au niveau de la tête de la carpe afin que la mouche dépasse de cette distance le poisson, la mouche passe alors
en plein dans le champ de vision de la carpe qui en général ne l’ignore pas et décolle pour l’aspirer. Sur un lancer d’interception
(la mouche coupe la trajectoire de la carpe) une animation un peu plus longue qui fait passer la mouche quelques dizaines
de centimètres devant la carpe par petits bonds successifs suffit en général à attirer l’attention de la carpe.
En présence de plusieurs carpe, ce qui arrive souvent il ne faut pas hésiter à tenter de déclencher un reflexe de compétition
en faisant slalomer la mouche au plus près de celles-ci, attention, des fois c’est particulièrement explosif et impressionnant
surtout dans peu d’eau, il m’est arrivé de ne pas ferrer tellement le chaos provoqué par le passage de la mouche était impressionnant !
Prêt à l’explosion, il faut juste lancer au milieu !
Animer ou pas au final cela dépend de la situation présente, du degré d’éducation des poissons et de la mouche employée.
Au final je suis plutôt partisan de l’animation presque tout le temps mais il faut savoir mesurer celle-ci, l’animation pour
pêcher la carpe doit se résumer à de petites tirées (5-20cm) plus ou moins vives qui ont pour but d’attirer l’attention du poisson
et de permettre au pêcheur de suivre l’évolution du déplacement de sa mouche.
Si la présentation est parfaite, une simple tirée suffit en général à déclencher l’aspiration de notre mouche.
Cette mouche qui pour être le plus visible possible devra être d’abord présentée à droite ou à gauche du poisson et si celui-ci
n’en fait pas cas, plein axe en prenant garde qu’à aucun moment le fil ne touche la carpe car certaines n’apprécieront pas.
Prise de la mouche et ferrage ou quand ferrer ?
La prise de la mouche, s’il y a un point qui change un peu de la pêche de la truite en nymphe à vue pour la carpe c’est celui-là.
En effet pour la truite c’est "facile" il faut surveiller un décalage, le blanc de la gueule… on a donc des signes qui permettent
de déclencher le ferrage.
Pour la carpe ces signes existent mais il y a une différence fondamentale : on voit ou doit voir la mouche dans une majorité des cas.
Avant de voir plusieurs cas réglons le problème de l’amplitude du ferrage et sa direction : pour ferrer correctement une carpe
il est préférable d’avoir un geste ample et puissant, au maximum ferrez de façon latérale, j’estime que l’on rate beaucoup moins
le poisson en ferrant latéralement.
Si la végétation empêche un "gros" ferrage ferrez à la soie par une grosse tirée sur la soie soit canne presque face au poisson
soit en y mettant un petit coup sec de la canne dans le sens ou le ferrage est possible.
- Quand on voit la carpe et la mouche : c’est ce qui se passe dans la majorité des cas et c’est ce qui rend cette pêche si
passionnante. Si on voit tout il suffit de respecter une règle simple (je dis ça mais c’est à mon sens le plus dur dans cette pêche),
le ferrage intervient une à deux seconde après que les lèvres de la carpe se soient rétractées.
J’explique : dans la majorité des cas (= prise sur le fond ou juste avant) on va voir les lèvres de la carpe s’étirer,
la mouche être aspirée puis les lèvres reprendre leur position "normale" (le film de Barry Reinolds permet de très bien voir cela,
cf liens sympas).
On va donc voir à un moment ce que j’appelle le "rose jaunâtre" (à défaut du "blanc" de la truite) qui est le
moment ou les lèvres s’étirent (les lèvres de la carpe sont dites protractiles), ferrer à ce moment là est une erreur,
en pleine aspiration, la bouche est grande ouverte et la mouche ne se plante que rarement tellement les lèvres sont charnues.
Il ne faut pas hésiter à retarder le ferrage jusqu’à ce que la bouche soit refermée et là… bim !!!
Il arrive parfois que la carpe n’aspire pas la mouche en entier, il faut alors se dire que le poisson était méfiant ou
que la mouche ne lui convenait pas et le cas échéant changer de mouche ou réduire le diamètre du bas de ligne.
- Quand on voit la carpe mais pas la mouche : cas qui peut intervenir par eau basse et trouble (on voit alors le dos ou
la queue du poisson) ou si le poisson est attaqué amont et masque la mouche, à distance avec une petite mouche, dans les courants…
Il faut alors se fier aux réactions du poisson. Tout d’abord il faut savoir où se situe à peu près la mouche en visualisant
son point d’impact puis le bas de ligne, ensuite il faut se concentrer sur le poisson et ferrer au moindre comportement qui
vous semble suspect au passage (supposé) de la mouche, là pour le coup c’est exactement pareil que la truite en nav.
Ainsi il vaut mieux toujours placer sa mouche sur un côté du poisson, si celui-ci se décale au passage de la mouche, c’est tout bon,
on compte 1-2 et on ferre.
S’il y a peu d’eau la prise de la mouche sur le fond se caractérise par la queue du poisson qui sort de l’eau
(basculement vers la mouche), 1-2 ferre.
Si la mouche arrive en plein sur le poisson, il faut chercher à voir un petit décalage sur un côté ou sur le dessus,
un arrêt du nylon dans la dérive et 1-2 ferrage. A longue distance et dans les courants où il est difficile de bien observer
mouche et poisson il faut se fier à son instinct, cela demande une énorme concentration pour visualiser la position supposée
de la mouche et le moment de sa prise, ce sont les cas les plus compliqués, c’est impossible à expliquer et il faut le vivre
pour le comprendre : c’est un moment ou instinctivement on sait que la carpe à pris et où on ferre.
Enfin pour ce dernier cas en eaux dormantes on peut également se fier au bas de ligne ou au bout de la soie,
si la carpe prend franchement ils bougent, quelquefois la carpe se pique toute seule en démarrant après avoir senti qu’il y
avait un truc pas normal !
- Intermède quand on ne voit pas la carpe et qu’il y a un courant régulier : il arrive quelquefois ce cas : vous savez qu’elles sont là mais pas sur les bordures, en plein milieu, invisibles ! On peut alors essayer de pêcher comme en noyée, en dérive aval avec une grosse mouche, la touche se traduit par un blocage de la soie ou une grosse pêche dans le poignet. En général la carpe se pique seule grâce à l’inertie de la ligne et au courant. Cette façon de faire marche rarement et sort du cadre de la pêche à vue mais parfois… ça marche.
ATTENTION : avec des hameçons de cette taille et face parfois à des poissons qui ne veulent rien savoir certains
n’hésitent pas à ferrer dans le vide, voire carrément dans le tas pour harponner le poisson.
Cette pratique indigne et honteuse se solde souvent par le décrochage du poisson mais surtout abime nos partenaires de jeu.
Alors ne tombez pas dans l’excès, si elles ne veulent rien savoir c’est votre faute et il faudra mieux se préparer la prochaine fois.
De même il arrive à tout le monde de ferrer en croyant que la carpe à pris parce que d’un coup la mouche n’est plus visible
puis de se retrouver avec une carpe prise par une nageoire ou le ventre, donc pour limiter cela : dans le doute s’abstenir !
Le combat
Bon ça y est elle est au bout ! Et maintenant ? Une carpe se combat au moulinet, pas question de tirer sur la soie jusqu’à avoir un petit fagot à ses pieds, les dizaines de mètres de soie et backing qui peuvent être sortis suite à un départ vers le large se trouveraient dans vos pattes si le poisson redémarrait. Il faut donc faire confiance au matériel, s’appuyer sur la puissance de la canne et la fiabilité du frein du moulinet. Chacun est libre de gérer son combat, quelques conseils :
- Rappel, attention aux doigts avec le moulinet, la main se positionne sous la bobine pour freiner un gros départ. Réglez correctement votre frein et changez ce réglage au cours du combat si besoin.
- Le poisson ne doit pas mener la danse, attachez vous à prendre l’initiative passé les premiers rushes contre lesquels parfois on ne peut rien, déséquilibrez le poisson, essayer de l’amener loin des obstacles, de lui mettre la tête hors de l’eau.
- Pour éviter d’avoir les bras tétanisés, une poignée de combat avec un talon est utile, ainsi on peut caler la canne sur une cuisse ou le bas du ventre pour soulager les bras.
- Voir son backing n’est pas l’essentiel, plus il y a de ligne dehors plus le risque de décrochage est grand, en effet le poisson est plus libre d’aller où il veut, il ne faut donc pas hésiter à suivre le poisson dans l’eau (attention à avoir pieds ! Même si personnellement j’adore suivre un poisson à la nage, des fois c’est pas du tout prudent) ou sur la berge. Si ce n’est pas possible il faut garder la ligne sous tension et brider au maximum.
- Si les obstacles sont très présents : frein bloqué ! Si malgré tout le poisson réussit à s’y réfugier… si vous pouvez allez au milieu tenter de tout débloquer, sinon tentez l’épreuve de force ou à l’inverse laissez filer au maximum. Cette dernière solution est celle qui m’a le plus sauvé dans ces situations chaudes, le poisson finissant par sortir tout seul de l’obstacle.
- Pour reprendre du fil au poisson la solution la plus efficace c’est le pompage = lever la canne et tirer, abaisser et moulinet et recommencer.
- Attention au baroud d’honneur du poisson au moment de la mise à l’épuisette ou lorsqu’il la voit, il vaut mieux la positionner avant dans l’eau.
Conclure : la mise au sec
- Avec l’épuisette. Quel modèle ? J’ai personnellement laissé tomber les modèles pliables que je juge trop fragiles et
pénibles à déplier au moment ultime. J’utilise maintenant deux modèles types "raquette" qui sont fixés au gilet ou au short
par un filin élastique et restent dans mon dos grâce à un aimant.
La première est un modèle gros poissons du commerce qui fait 60cm de long (ouverture du filet) sur 40cm de large,
elle me sert dans la majorité des situations, on y rentre un poisson de 80-90 cm sans soucis, le filet est tourné autour
du filin pour ne pas accrocher les ronces et autres ainsi on passe presque partout.
La seconde fait 70cm sur 50cm, c’est un bricolage à partir d’une épuisette de carpiste transformée en raquette, on y rentre
tout ce qu’on veut mais elle est réservée aux parcours à gros poissons et peux piquants.
Après comme d’habitude chacun choisit ce qui lui plaît le mieux ! Bon revenons à notre carpe, elle est là elle tourne,
elle est cuite ! Il vous suffit juste de ne pas oublier que C’EST LE POISSON QUI VIENT A L’EPUISETTE ET PAS L’INVERSE !!!
Un petit truc qui sert parfois, caler la canne derrière la nuque et pousser vers l’arrière.
- Sans épuisette, échouage et placage : cette solution doit intervenir uniquement sur les parcours qui le permettent (= avec pentes douces de sables, vase ou herbes) afin de ne pas abîmer les poissons, oubliez la sur les parcours où l’on ne trouve que des galets, surtout s’il fait chaud et qu’ils sont brûlant. Pour échouer un poisson il suffit de l’amener sur zone puis de reculer petit à petit jusqu’à qu’il ne soit plus que dans quelques centimètres d’eau il faut alors lui "sauter" dessus et le pousser le plus rapidement et délicatement possible hors de l’eau, le tour est joué.
Après la prise…
- Photographier : une belle photo c’est bien je ne vous dirais pas le contraire vu que depuis deux ans j’essaie d’en prendre
un peu mais attention pour la sécurité du poisson de ne pas le laisser très longtemps hors de l’eau.
Personnellement je me limite à deux-trois photos maxi prises le plus rapidement possible puis retour à l’eau et on verra à la maison,
y’en aura bien une qui sera pas floue (faut dire que je ne sais pas prendre de belles photos aussi).
Si vous prenez le poisson dans vos bras attention à ne pas le faire tomber, si vous prenez le poisson en photo posé par terre
mieux vaut le laisser dans le filet de l’épuisette bien mouillé.
Pêcher à plusieurs c’est plus facile pas vrai Julian !
- Mesurer et peser : trimballer un peson et un sac de réception/pesée au bord de l’eau c’est possible, pareil que pour la photo, à faire le plus rapidement possible. Si peser personnellement ça ne m’intéresse pas, j’aime bien mesurer mes prises, pour gagner du temps je mesure à la canne (poisson mis le long de la canne) en prenant un repère puis je sors le mètre ruban après avoir relâché l’animal.
- Relâcher : il ne faut pas hésiter à rester plusieurs minutes avec le poisson si celui-ci a fourni un long combat.
La carpe est un poisson rustique qui en général ne demande pas son reste après avoir été libéré et file.
Cependant au moindre doute mieux vaut bercer sa prise quelques instants histoire d’être sur de pouvoir le rattraper la prochaine fois !
Retour en liberté !
Le float tube, outils d’avenir : après avoir remarqué plusieurs fois lors de sorties au carnassiers des carpes qui n’hésitaient pas à venir me sucer les palmes et se nourrir dans mes pattes mon sang n’a fait qu’un tour ! J’ai depuis eu l’occasion de tester plusieurs fois la carpe en float tube et bien mes amis c’est du lourd !!! Les poissons peuvent être approchés de très près dans la majorité des cas en se laissant doucement dériver et se faire tracter par une carpe c’est plutôt sympa. Alors n’hésitez pas si vous êtes le possesseur d’un float ou d’un canoë ou barque d’ailleurs, moi c’est au programme pour l’année prochaine !
Embarquement immédiat vers la planète carpe !
- A deux c’est mieux : ou à trois ou plus d’ailleurs, déjà c’est plus sympa d’être plusieurs à la pêche et en plus dans certains cas c’est pas mal d’avoir quelqu’un pour nous donner un coup de main.
Vive le partage !
- La lime pour que ça pique : une lime pour les hameçons voilà qui n’a rien d’un gadget, en effet à force de frotter contre le fond certains hameçons perdent de leur piquant, un petit coup de lime et c’est reparti.
Montage de mouche, laissez libre court à votre imagination : les modèles créés pour la carpe sont encore peu nombreux, il reste à découvrir beaucoup de chose et c’est un poisson qui reste méfiant donc développer de nouveaux modèles et évoluer nous même est essentiel, au boulot !!!
- Une canne de secours : avoir une deuxième canne dans le coffre c’est utile surtout si l’on part pêcher un peu loin de la maison, pour mettre retrouvé comme un c.. au bord de l’eau à regarder les poissons se goinfrer avec une canne en miette je peux vous dire que ça fait réfléchir.
Utilisez les nouvelles technologies : googles maps, earth et autres géoportail c’est très utile pour repérer de nouveaux coins. En couplant le tout avec une carte IGN du coin on arrive en général au bord de l’eau avec une bonne idée de ce qui nous attend.
Statistiques : tenir un carnet de prises avec lieu, date, météo, prises, mouches… est quelque chose de très utile sur le long terme, avoir un grand nombre de données c’est savoir anticiper, s’adapter et rebondir.
Les autres poissons : en pêchant la carpe on a souvent la possibilité de toucher d’autres poissons, carnassiers, barbeaux, hotus, chevesnes, carassins, la plupart peuvent être attrapés avec les mouches à carpe, à vous le grand slam !
Dans la région on croise de tout !
Si vous êtes arrivé jusque là merci ! A travers cet article j’espère avoir été capable de vous renseigner sur cette technique
ou de vous avoir apporté quelque chose. La pêche de la carpe à la mouche est une pêche pleine d’avenir en voie de se populariser,
il ne manque plus grand-chose pour que les grands médias de la pêche s’y intéressent vraiment (comme une technique à part entière,
pas comme le fait de quelques fous pêcheurs) et pour que les fabricants suivent. Quand je vois comment la pêche du brochet
à la mouche ou en mer s’est développée ces dernières années je ne comprends pas pourquoi la carpe à la mouche
n’est pas largement devant, en effet cette pêche est beaucoup plus proche de la pêche reine pour beaucoup (la truite),
c’est une technique visuelle, on trouve des endroits pour la pratiquer partout et du poisson en bien plus grande quantité
que les brochets et bars, de plus la carpe arrive à des poids très importants et propose une défense plus explosive ! Alors ?
Réveillez vous les gars la carpe à la mouche quoi !!!
Amis journalistes halieutiques vous en êtes encore aux poissons nobles ou bien !
Je vous donne rendez-vous dans la partie fiche de montage ou chaque année plusieurs modèles seront ajoutés et n’hésitez pas à repasser par l’article de temps en temps car comme je l’ai dit tout évolue, je n’hésiterai donc pas à faire des éditis de temps à autre je pense !
Bonne pêche à tous !!!
- Quelques blogs de carpalmistes sympas et pleins d’infos, mouches… :
http://peche-mouche.cevennes.over-blog.com
http://peche-mouche-gard.over-blog.com
http://sylvain-ledentiste.blogspot.fr
- sur facebook : le groupe Carp Fly Fishing Crew
- extraits du film de Barry Reinolds avec prise de la mouche par la carpe.
- Moana, premier monteur français à proposer des mouches à carpe à ma connaissance (bien qu’un peu légères) :
- Y’a plein d’autres trucs sympas à trouver sur le net : cherchez !!!!
Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.
Pêche mouche - montage - Truite - Ombre - rivières - étang - Nîmes - Cévennes - Lozère - Mont Aigoual - No-kill