Christian Paris, guide de pêche, est une figure du côté des Pyrénées Atlantiques.
Cet homme de caractère vit depuis de nombreuses années les pieds dans l’eau au bord du Vert,
un affluent très intéressant du gave d’Oloron.
Sa passion de la pêche à la mouche l’a entrainé sur les plus belles rivières en Espagne, en Autriche et bien sûr,
en France du côté atlantique des Pyrénées où les gaves, les nives et les nestes n’ont pas de secrets pour lui.
Avec Marie-France, son épouse, il tient un gite idéalement placé près d’Oloron avec un choix extraordinaire de rivières
dans un rayon de 20 kms.
On y respire à pleins poumons le parfum de la passion de la mouche, avec des tablées post coups du soir où
les pêcheurs se retrouvent pour partager et refaire le monde de la PALM.
BL : Christian, tu habites une région vraiment magnifique. On la découvre pour la première fois avec
les Moucheurs Nîmois. Qu’est ce qui t’a fait quitter la vallée du Rhône pour les Pyrénées atlantiques ?
CP : C'est une longue histoire ! Je vais essayer de faire court.
Mes deux grandes passions, la pêche a la mouche (j'ai commencé à 15 ans, j'en ai aujourd'hui 55)
et la course à pied que j'ai pratiqué à un niveau intéressant surtout sur marathon jusqu'au jour où
j'ai dû arrêter pour des problèmes de santé.
A l'occasion de vacances passée en Béarn (pour la pêche), j'ai rencontré le célèbre Erich Tolderer
qui m'a proposé de venir animer le CMT (centre international de pêche à la mouche).
Ne pouvant plus courir, j'ai démissionné de mon travail ou j'avais beaucoup d'avantages et de facilité
pour mon autre passion, car ici, il y a tout ce que j'aime, un réseau hydrographique unique et une nature
relativement bien préservée. Après pas mal de péripétie je me suis installé comme guide et moniteur de pêche à la mouche.
j'ai acheté une maison et fais des chambres d'hôtes.
Ironie du sort, 5 ans plus tard, j'ai pu reprendre la course !
Pour finir je suis au paradis.
BL : Le gave d’Oloron est reconnu en France pour ses remontées de saumons et ses truites à la robe magnifique.
Toi qui le côtois depuis plus de 20 ans, comment se porte cette belle rivière ?
CP : Pour le saumon que je ne pêche pas, je ne dirais rien, pour la truite je dirais que depuis 3 ou 4 ans,
le gave se refait une santé. Attention il ne faut pas venir sur le gave pour prendre 10 poissons par jour.
Par contre, vous pouvez espérer tous les jours prendre une truite de plus de 50 cm.
BL : On a été surpris en arrivant ici par le nombre de rivières et la variété des parcours dans un rayon
de 20 à 30 kms. Quand on voit ce qui se passe dans certaines régions comme la Franche Comté avec
la Loue ou le Doubs, existe–t-il dans les Pyrénées atlantiques entre les APPMA et la fédération une vrai
politique de protection de l’eau et des poissons pour préserver tous ces beaux parcours ?
CP : Pour avoir quitté les bureaux de pêche depuis de nombreuses années, je ne sais pas trop ce qui s'y passe,
par contre, je sais que Yves Agier, Président de la commission juridique à la fédération,
ne laisse rien passer et poursuit avec acharnement tous les contrevenants
BL : Tu connais bien l’Autriche pour y être allé de nombreuses années. Comment est organisée la pêche là-bas ?
CP : Ah l'Autriche !!! J'y suis allé pendant 11 ans. La plupart du temps, des séjours de 3 semaines.
La très grande majorité des parcours est privée et gérée par des particuliers, des hôteliers et
quelques associations. Les plus accessibles sont ceux gérés par les hôteliers.
Les cartes de pêche sont journalières et souvent à un prix auquel nous ne sommes pas habitués en France.
Quelques fois, il dépasse le prix annuel du notre.
Souvent les farios cohabitent avec les ombres et les Arcs. Tous les parcours que j'ai fréquenté ont
des peuplements qui dépassent, et de loin, les peuplements de nos rivières.
Ceci est le résultat des alevinages mais aussi d'une réglementation draconienne.
Pêche à la mouche uniquement, taille de capture élevée, quand celle-ci est autorisée,
nombre de captures des plus réduit : 1 ou 2 poissons.
BL : On est dans le Piémont pyrénéen, la fonte des neiges au printemps rend la pêche difficile,
quelles sont les meilleures périodes pour venir tremper sa soie ?
CP : L'ouverture est souvent bonne tant qu'il gèle en montagne.
Pour les grandes rivières, celui qui peut être là les 15 jours qui suivent la fonte des neiges
(en général cela varie entre le 15 juin et la mi-juillet) a toutes les chances de réussir.
Ce qu'il faut éviter : eau basse et grand beau, mais cela est valable partout.
BL : Il y a de très beaux poissons dans les gaves, les nives ou les nestes, raconte nous une prise
exceptionnelle, une truite qui t’a particulièrement marqué.
CP : Il y a pas mal d'années sur le no-kill d'Oloron, qui ne l'était pas à l'époque. Ce jour là, avec deux de mes
meilleurs amis, de l'eau sous les bras et à 25 bons mètres une gueule énorme.
Problème, le poisson était positionné trois quart aval, avec beaucoup de courant entre elle et moi
et il y avait des mouches par centaines (baetis rodhani).
Elle en prenait deux, trois et s'arrêtait. Après avoir entendu 10 bonnes fois "tu ne la feras pas",
ma mouche a disparu. Ferrage, chandelle, le backing dans la main et 63 cm, ce soir là, on a bu du Jurançon.
BL : Tu as connu de grands noms de la pêche à la mouche, quelles rencontres ont été importantes pour toi ?
CP : Jean Vaufray, Michel Duborgel, mais à l'époque, j'étais très jeune et je regardais de loin.
Plus tard, Eric Toelderer pour le lancer autrichien et l’entomologie.
Je rappelle que j'ai tenu le centre internationnal de pêche à la mouche pendant une saison en tant
que salarié pour lui. Deux jours inoubliables avec Joel Nipou et Jack Boyco sur le gave d'Aspe.
En Autriche, deux guides fantastiques sur la Lammer : monsieur Kirchner lanceur et monteur
extraordinaire et Roman Mser, le surdoué.
Une pensée particulière pour Jean-Louis Poirot que j’ai souvent suivi sauf au bistrot.
Toutes ces rencontres m'ont apporté une polyvalence sur tous les parcours.
BL : Si tu avais 3 rivières pyrénéennes à emporter avec toi au paradis des pêcheurs quelle serait ta préférence et pourquoi ?
CP : Le gave d'Oloron pour la taille moyenne de ses poissons.
Le gave du St Angrace pour la beauté du site et le Vert qui coule au fond de mon jardin et
qui, par sa diversité, me permet par la pensée de voyager.
BL : Si on ouvre ta boite à mouche, quels sont les 4 ou 5 modèles qui te semblent indispensables pour la région ?
CP : Il est rare que je pêche avec une mouche très sophistiquée, que ce soit ici ou ailleurs.
Comme beaucoup, j'ai passé beaucoup de temps avec mon étau mais depuis longtemps j'ai simplifié et
top chrono, cela me prend à peu près 2mn30.
Des araignées basiques, sans ailes, des peutes, des culs de canard, et oreille de lièvre rien
de miraculeux. A mon avis ce qui est primordial : La précision, le volume, la silhouette.
Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.