L’Alaska, voilà une destination qui fait rêver, un territoire grand comme 3 fois la France, habité par à peine 700 000 habitants dont une bonne partie vit à Anchorage la capitale.
Peu de routes, des pistes peu praticables, les déplacements se font principalement par petits avions ou hydravions.
De nombreuses rivières parcourent cette contrée sauvage, le saumon y est roi, toutes les espèces du Pacifique viennent s’y reproduire dont le fameux saumon King qui peut dépasser les 30 kgs et le silver.
Mais l’Alaska c’est aussi le territoire des truites, des ombres, des ombles artiques qui peuvent atteindre de belles tailles.
La réglementation en matière de pêche est stricte, les rivières sont surveillées, le prélèvement de poissons est très encadré avec un carnet journalier de prises pour le saumon.
Certaines rivières sont en no-kill pour certaines espèces de truites protégées comme les magnifiques arc en ciel.
L’Alaska est une destination qui coûte cher, des agences de voyage proposent des séjours avec le confort d’un lodge perdu au milieu de nulle part à 5500-6000 euros la semaine hors billet d’avion.
D’autres proposent une aventure de 2 semaines avec descente de rivière en raft et bivouac tous les soirs dans des conditions de confort correctes pour 6000 euros les 15 jours hors billet d’avion.
Patrick, un Moucheurs Nîmois de longue date, a vécu une belle expérience dans cette exceptionnelle région du monde. Il est parti en « free lance » avec une connaissance ayant déjà fait ce type de séjour de pêche.
Beaucoup moins onéreux 2500 euros, billet d’avion compris, ce voyage en autonomie nécessite des connaissances sur place et une bonne organisation en amont.
BL : Patrick explique nous comment était organisé ton séjour.
PP : Nous avions organisé un séjour en autonomie complète avec une descente en raft à 2 de la rivière Talachulitna.
Départ 16h de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry avec mon compagnon de pêch,e direction Francfort puis départ pour Anchorage Alaska arrivée 16h le lendemain.
Le décalage horaire (10h avec la France) nous oblige à prendre un peu de repos à l'hôtel pour récupérer de la fatigue du voyage.
Le lendemain matin préparation du ravitaillement pour le séjour de 14 jours pleins sur la rivière ; ce qui demande une organisation réfléchie surtout pour maîtriser deux genres de nourriture :
fraîche pour les premiers jours est réduite aux pattes riz et produits lyophilisés pour la suite.
Il nous faut également des glacières, une caisse étanche, des sacs étanches pour les vêtements, un réchaud et une bouteille de gaz, une tente.
Nous récupérons également un fusil à pompe prêté par une connaissance américaine.
Après la mise en place de tout le matériel, nourriture, couchage, matériel de pêche, direction la base d'hydravion d'Anchorage pour un vol réservé depuis 6 mois.
Décollage en début d'après-midi pour Jude Lake à environ une heure de vol puis premier bivouac de notre séjour.
Dès le départ de l’hydravion nous sommes livrés à nous-même, on est parti pour 15 jours d’aventure.
BL : Des précautions particulières à prendre par rapport à la faune sauvage ?
PP : Pour ce qui concerne la faune sauvage nous étions équipés de bombes à poivre et d'un fusil à pompe pour effrayer et faire fuir les ours (ours noirs et grizzlys).
D’autres gros animaux sont présents également notamment l’orignal ou caribou qui est très commun et peut atteindre des dimensions imposantes.
Pour les moustiques, c’est une véritable invasion. Sur les conseils des pêcheurs locaux à Anchorage, nous nous sommes munis de bombes anti-moustiques spéciales Alaska très efficaces.
Il ne faut pas oublier un cm2 de peau sinon ils le trouvent imparablement.
Durant notre séjour nous avons eu plusieurs rencontres avec les ours, ours noirs et grizzlis, dont une à moins de 20 mètres de moi, ce fut une rencontre sans conséquence
mais dont je garde un merveilleux souvenir.
J'ai aussi apercu une femelle orignal qui m'a observé pendant quelques instants.
De nombreux aigles pygargues à tête blanche curieux et intéressés par nos prises nous surveillaient ainsi que de magnifiques aigles noirs, des loutres, des castors, des visons, des coyotes, des loups.
Nous étions en plein « wild », dans ces contrées l’Homme est un intrus.
BL : Comment était le profil de la rivière ?
PP : Après notre arrivée et l’installation du bivouac au bord du lac, nous avons vécu un premier coup du soir d’exception avec de nombreuses prises de saumons de fontaine
qui ont été effectué avec des streamers, des nymphes et des mouches sèches. Les dégâts sur les premières touches nous ont obligé à modifier les diamètres de nos bas de ligne jusqu'à 17 centièmes en pointe.
Après cette première nuit nous avons commencé à descendre la rivière.
A la sortie du lac, la rivière est très rapide et subissant de nombreuses crues se trouve encombrée par de gros déchet végétaux (arbres entiers et grosses branches).
Il nous a fallu à plusieurs reprises charger l'embarcation pour pouvoir franchir les obstacles, manoeuvres nécessitant parfois deux heures de manipulation.
La descente s’est effectuée par étapes de 2-3 jours de bivouac sur des gravières.
Impossible de quitter le lit de la rivière vu la densité de la végétation et le risque de se retrouver nez à nez avec des bêtes sauvages.
Nous établissions notre campement pour plusieurs jours sur un site et chaque fois la pêche était exceptionnelle.
En milieu d'expédition la rivière devient plus sympathique et à nouveau de sérieux rapides sur la fin du parcours.
Nous avons pu admirer pendant des jours le Denali anciennement Mont Mac Kinley qui culmine à 6190m, le plus haut sommet d’Amérique (nord et sud confondu).
BL : Comment était les conditions climatiques ?
PP : Les mois de juin – juillet sont les meilleurs mois en Alaska.
Il faut s’habituer à des nuits très courtes ou plutôt une pénombre pendant 3-4 h.
Notre périple fin juin début juillet s’est passé avec une météo relativement clémente.
Nous avons essuyé 4 à 5 jours de pluie violente la température assez douce 12 /14 degrés.
BL : Bilan de ton séjour ?
PP : En ce qui concerne la pêche par elle même ce fut une entière satisfaction pour ma part à souligner que la rivière Talachulitna fût la première rivière soumise à réglementation.
Les espèces pêchées sont la truite arc-en-ciel protégée, à prélèvement interdit, le Grilling (ombre commun chez nous),le Dolly Varden (omble artique) et les cinq espèces de saumons du pacifique selon la période.
Pendant notre périple le saumon KING était présent en grand nombre,les leurres utilisés pour la variété de ces poissons étaient : streamers, nymphes et sèches, tout le panel des mouches à saumon
le leurre Dolly liama était le standard.
La concurrence était rude avec les loutres qui étaient encore plus efficaces que nous.
Il a fallu leur laisser leur terrain de chasse habituel.
Une seule rencontre durant tout le séjour avec un groupe de 6 pêcheurs norvégiens sur la fin de notre parcours.
Il descendait plus en aval de la rivière où se trouvaient de très gros ombres communs.
Ce fut une magnifique expérience le seul point négatif est que 2 personnes pour manier notre embarcation était trop juste et qu'il faut 3 voire 4 personnes pour plus de sécurité.
BL : Merci Patrick pour nous avoir fait voyager.
Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.