Vidéo par R. Avizou - Vidéo 2014
Qui n’a pas rêvé de partir vers des destinations mythiques pour pratiquer sa passion. L’Islande, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, la Colombie britannique, la Scandinavie font partie de ces endroits de la planète incontournables pour la pratique de la PALM.
Mais s’il y a un lieu qui génère tous les fantasmes du pêcheur à la mouche c’est bien la Patagonie.
Certains d’entre nous se sont rendus dans cette partie du monde, nous allons vous faire partager leur expérience.
La Patagonie se trouve dans l’hémisphère sud, et se partage entre 2 pays : l’Argentine avec des rivières descendant de la Cordillères des Andes et
serpentant sur des plateaux ou dans des plaines battues par les vents, le Chili pays long étroit et montagneux avec de grandes vallées où s’écoulent de
magnifiques rios. La Patagonie chilienne est plus humide et un peu moins ventée que son voisin argentin.
Les saisons sont inversées avec l’Europe, la pêche se pratique donc entre novembre et mai.
Pour le Chili, il peut se faire depuis Paris sur la ligne directe d’Air France (un peu plus cher) ou en passant par l’Espagne via Madrid,
pour le sud de la France, avec un départ de Marseille. Une fois à Santiago, il vous faut prendre un vol intérieur (2 h de vol) pour vous emmener dans le sud
patagon.
Donc c’est long (de Marseille plus de 24h avec les escales) : ah… la Patagonie ça se mérite !!!
Tous les salmonidés ont été introduits au 18ème ou 19ème siècle et ont prospéré. On y pêche surtout les truites farios et arc en ciel,
et le saumon pacifique exclusivité du Chili avec de nombreuses espèces dont le fameux king salmon pouvant atteindre des poids incroyables ( jusqu’à 40 kg !!!),
ça fait rêver non !!!
Tous les poissons sont sauvages, les Chiliens laissent la nature prolifique faire le travail, aucun alevinage sur les innombrables rios et lagunas
de ce beau pays.
Se rendre au Chili tout seul sans quelqu’un pour vous guider est déconseillé étant donné l’étendue du pays et le peu d’informations que l’on peut
obtenir sur place. Depuis la France les propositions de séjour de pêche pour cette destination sont assez réduites mis à part PAC voyages.
Nous avons contacté un Français installé sur place, Rodolphe Avizou, avec qui nous avons pu
organiser un séjour à la carte en durée et activités. Cette grande souplesse est le point fort de Rodolphe avec un équipement au top (notamment en cannes,
moulinets et float tubes) et surtout une excellente connaissance des spots de pêche.
De nombreux lodges de pêche organisent également des séjours avec des guides locaux, les Américains en sont friands. Plus luxueux, souvent les lodges sont situés sur des sites prestigieux avec un programme et un nombre de jours de pêche bien définis et surtout un prix plus conséquent.
Toutes les techniques peuvent être utilisées : sèche, nymphe, streamer, noyée. Mais si vous êtes un passionné de la sèche sachez que vous pourrez pratiquer votre technique favorite la plupart du temps sauf bien sûr conditions météo exécrables. Les truites patagones se nourrissent beaucoup en surface !!!
Nous avons connu tous les types de temps avec une constante, le vent qui souffle presque tous les jours, mais contrairement à chez nous ça ne ferme pas
le bec de nos chers poissons .
Qui plus est le vent remonte souvent les rivières et donc se trouve peu gênant.
On nous avait annoncé des eaux glacées, sincèrement pas plus que chez nous au printemps un wader respirant avec un pantalon en laine polaire
font bien l’affaire.
Par contre protection contre le soleil indispensable, même par temps couvert on peut cramer !!!
On peut se «cailler» en plein été patagon donc dans la valise, je sais c’est lourd et encombrant, prévoir du chaud et de l’imperméable.
Les chiliens sont des gens calmes, charmants et accueillants, ils ne parlent pas français mais avec un espagnol de base vous pourrez vous en
sortir avec des gens faisant tous les efforts pour ce faire comprendre. En cas de problème, ils se plieront en 4 pour vous trouver une solution.
En Patagonie les gens sont assez pauvres surtout dans les campagnes, ils vivent de peu avec un peu d’élevage et une agriculture balbutiante.
Ce ne sont pas de grands entrepreneurs, ils se contentent de ce qu’ils ont.
Si la Patagonie chilienne est faiblement peuplée, la région où nous avons pêché est loin d’être désertique avec des petits pueblos ou des fermes isolées
le long des pistes.
Parlons en des pistes : il existe quelques routes principales très bien entretenues mais les déplacements se font surtout sur des pistes un peu
tape cul mais bien carrossables.
Nous ne sommes pas sur de grandes étendues sauvages comme aux Etats-Unis par exemple, nous sommes dans une région de moyenne montagne avec une succession de vallées parcourues par des rivières magnifiques et des sommets enneigés au loin.
Au siècle dernier, les chiliens ont coupé des forêts entières pour faire des pâturages pour leurs troupeaux. Les troncs de ces arbres souvent énormes ont été laissés sur place ce qui offre un paysage surprenant de prairies parsemées de ces troncs en décomposition depuis des décennies. Une campagne de reforestation a été engagée avec des pins.
Les Chiliens ne pêchent pas la truite mais uniquement le saumon, les seuls pêcheurs que vous rencontrerez (si vous en voyez) sont des étrangers
accompagnés d’un guide (2 pêcheurs croisés pêchant sur un bateau en 10 jours de pêche). Il faut éviter quand même certains parcours bordés par les lodges
de pêche, et sortir un peu des sentiers battus pour être tranquille.
La région est vaste, les trajets (1h à 2h de pistes) sont indispensables pour se rendre sur des spots de pêche inoubliables, avec des truites toutes
surprises de croiser un humain pour la première fois de leur vie !!!
La pêche n’est cependant pas toujours facile, certaines conditions météo peuvent
rendre le poisson plus difficile à prendre. Mais durant notre séjour nous avons connu des rivières fabuleuses avec une richesse halieutique incroyable.
La moyenne des prises oscille entre 30-35 cm avec de nombreux poissons entre 40 et 50 cm et plus si affinité.
Les nombreux petits lacs (lagunas) offrent aussi si vous avez un float tube (merci Rodolphe) des moments magiques.
Pour le saumon, là aussi la pêche au leurre (quimperloise, lame) est très productive sur des pools de toute beauté. C’est l’occasion de prendre le
poisson de sa vie (20-25kg voire +).
Une canne en 9 ou 10 pieds soie de 5 semble idéale pour affronter les truites patagones. Selon les parcours le diamètre du fil pourra être gros
(16, 18 centièmes) ou fin dans des conditions plus délicates avec des poissons plus regardants.
Dans les lagunas les cannes soie de 6 ou 7 seront plus performantes.
Les mouches françaises marchent bien en Patagonie surtout les sedges en chevreuil, les oreilles de lièvre ou les émergentes, mais c’est le moment
d’utiliser les mouches « américaines » : Royal Wulf, Adams, BWO, PMD et surtout les imitations de terrestres : fourmis, scarabées, libellules,
sauterelles avec les magiques Fat Albert et surtout la Tchernobyl Ant d’une efficacité diabolique.
Voir une truite de + de 50 cms se jeter sur une Tchernobyl montée sur hameçon de 8 ou 10 est un grand moment.
Certaines rivières sont bordées par des prairies envahies de sauterelles et lorsque le vent se lève, le spectacle est au rendez-vous, il n’y a plus
qu’à présenter une imitation de sauterelle grise ou marron, de la poser bruyamment sur l’eau pour voir une arc ou une fario se précipiter dessus.
La pêche en nymphe donne également d’excellents résultats avec une préférence pour les nymphes de libellule et la prince nymph très efficaces.
Le vol de France vers la Patagonie via Santiago du Chili vous coûtera entre 1300 et 1800 euros selon les compagnies
(la moins chère Iberia par Madrid mais très mauvais service).
Sur place pour 10 jours de pêche tout compris selon votre prestataire le prix variera entre 2700 euros pour le moins cher
(pechepatagonie.com) et 5500-6000 euros (lodges luxueux).
A noter que le permis de pêche n’est pas cher au Chili (35 euros pour 2 mois).
Vous l’avez compris ce séjour de rêve a un coût non négligeable, pas moins de 4000 euros vol + séjour.
Nous avons rencontré des Français qui viennent chaque année passer 2 mois, ils connaissent la Patagonie chilienne et argentine comme leur poche et
ont fait construire une maison au bord d’une belle rivière !!!!
Ce sera peut-être vous dans quelques années parce que quand on a goûté à cette destination on a qu’un but c’est d’y retourner le plus tôt possible !!!
Bruno Lesur
Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.
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