par Bruno Lesur
Depuis quelques années déjà, les moucheurs ont intégré à leurs techniques de pêche la pratique de la pêche en nymphe. Les ayatollahs de la pêche en sèche...sinon rien, sont de plus en plus rares. Il faut se rendre à l’évidence, les habitudes alimentaires des poissons ont changé au fil des années. Ils se nourrissent sous l’eau la plupart du temps, il a donc fallu s’adapter. Il y a des périodes dans une saison, des moments dans une journée, des conditions climatiques, quelquefois, qui nous imposent d’abandonner momentanément la pêche en sèche si on veut avoir l’espoir de leurrer des poissons. Les Français sont passés maitres dans cette technique (d’où leurs résultats dans toutes les compétitions internationales) mais des pays ne sont pas en reste : les Tchèques et les Espagnols notamment, ont en leur temps, développé leur propre technique diablement efficace.
Il y a aujourd’hui plusieurs manières de pratiquer cette pêche , nous allons passer en revue les plus courantes.
Très pratiquée il y a une quinzaine d’années, elle l’est beaucoup moins par les nouveaux moucheurs car fastidieuse bien que très efficace. Elle utilise des nymphes lourdes, des indicateurs de touche (mousse ou fil fluo). La pêche se fait quasiment sous la canne au ras du fond de la rivière, dans des courants soutenus. La nymphe "roule" sur le gravier ou les cailloux permettant d’atteindre des poissons plaqués au fond de la rivière pour se protéger du courant. On peigne ainsi chaque courant en accompagnant avec la canne légèrement en aval soutenant la nymphe. Le moindre arrêt du fil ou toc dans le scion doit être sanctionné d’un ferrage. Les Tchèques ont adapté cette technique en utilisant 2 nymphes : une lourde et en potence une plus légère péchant 50-60 cm au dessus multipliant les chances de toucher un poisson.
Beaucoup plus fine, elle est pratiquée amont ou en travers avec une fil indicateur fluo ou un petit brin de mousse afin de visualiser le fil. On utilise plutôt des nymphes légères ou peu lestées. Une canne d’au moins 10 pieds est préconisée pour accompagner la dérive de la nymphe qui devra être la plus naturelle possible. On pêchera en respectant l’écoulement de chaque courant. On peut pêcher à longue distance au fil graissé plaqué sur l’eau ou à faible distance canne haute. Tenir la canne haute permet au fil de faire un léger ventre afin de visualiser la touche en repérant une tension ou un déplacement du fil fluo ou de l’indicateur. On est ainsi en connection directe avec le poisson et on ferre quasiment au moment où le poisson referme sa bouche sur la nymphe. Il faut savoir qu’en pêchant sous l’eau "en aveugle" on ne détecte pas un grand nombre de touches notamment avec des poissons éduqués qui recrachent prestement la nymphe. Cette technique pratiquée par des pêcheurs aguerris capables de repérer la moindre anomalie dans leur bas de ligne permet d’être très réactif et donc efficace.
Cette technique est adaptée aux petites rivières des Cévennes ou autres avec des hauteurs d’eau modeste (1m-1m50). On pêche à 2 mouches : une sèche haute flottaison en potence et une nymphe à 1m-1m20 en dessous. On peut également attacher le fil de la nymphe directement sur le hampe de la sèche. C’est donc une pêche mixte sèche-nymphe qui permet souvent en début de journée de tâter le terrain et de savoir comment nos chères farios se nourrissent. On pourra rapidement passer à la technique la plus productive après les premières prises. Afin d’être efficace cette technique doit utiliser plutôt des nymphes peu lestées permettant des lancers précis et pêchant entre 2 eaux. Là aussi un arrêt de la mouche sèche ou une plongée de celle-ci doit immédiatement entraîner un ferrage.
Développée par Philippe du site Avozzeto, cette technique demande la fabrication de mouches sèches avec un double œillet. Le bas de ligne doit présenter dans sa partie supérieure un brin uniforme d’au moins 2 m sur lequel on fera glisser le yoyo afin de régler la hauteur de présentation de la nymphe en fonction du niveau d’eau. Là aussi, l’arrêt du yoyo, un déplacement, une plongée doit déclencher immédiatement le ferrage. On utilise plutôt des nymphes de type perdigones, descendant très vite afin d’être rapidement en action de pêche On peut assimiler ce fameux yoyo à un bouchon et considérer que ça dénature la pêche à la mouche.
C’est une technique très efficace, qui a ses adeptes mais il faut reconnaître que le lancer et la pratique de cette technique n’est pas très fine.
Développée par Philippe du site Avozzeto
C’est une technique qui est arrivée en France il y a peu. Elle est issue de nos amis pyrénéens espagnols et français qui ont mixé 2 techniques. Des pêcheurs au toc ont commencé à utiliser des nymphes artificielles. Certains moucheurs ont voulu adapter cette technique à la pêche à la mouche en enlevant l’utilisation de la soie afin d’affiner leur technique. Elle nécessite un équipement spécifique, une canne longue (10-11 pieds) fine (soie de 3-4) souple. On n’utilise pas de soie mais un long bas de ligne en nylon de 10-15m minimum. On préconise là aussi, des nymphes perdigones descendant rapidement.
N’ayant pas le poids de la soie pour aider, le lancer se fait en laissant sa nymphe partir vers l’aval et en utilisant ainsi la résistance de l’eau afin de propulser la nymphe
et la faire descendre rapidement dans la zone à prospecter.
Un petit indicateur type rigoleto fluo permet de visualiser le fil.
Pas de soie donc pas d’effet parasite sur la dérive de la nymphe.
Cette technique permet de pêcher des zones, notamment, sous les veines d’eau rapides peu ou pas prospectées, où se tiennent les gros poissons.
Elle est très discrète puisque seul un fil nylon est présent dans l’eau.
Un long apprentissage est nécessaire afin de bien appréhender cette pêche.
Depuis peu, des soies ultra-légères sont sorties pouvant s’adapter à cette nouvelle technique tout en conservant un vrai lancer "mouche".
C’est la reine des pêches en nymphe. Amont ou aval on repère un poisson avant de lui présenter sa nymphe. On adapte le poids du leurre en fonction de la profondeur à laquelle évolue notre truite ou ombre. On peut donc utiliser une nymphe très légère ou plus lourde qui est lancée en amont du poisson afin que la nymphe soit à la bonne profondeur quand elle arrivera à sa hauteur. Il ne faut pas quitter des yeux notre poisson, un déplacement vers le haut, le bas, ou le côté, l’ouverture de sa bouche doit être sanctionné d’un ferrage. On peut faire une dérive inerte ou animer sa nymphe afin de provoquer l’attaque. C’est une technique nécessitant des eaux limpides, certains nympheurs sont capables de lancer des bas de ligne de 6-8 m afin d’être le plus discret possible. Là aussi un long apprentissage est nécessaire. C’est "l’aristocratie" des moucheurs qui maîtrise parfaitement cette technique, notamment les pêcheurs francomtois, du Jura, de l’Ain qui pratiquent sur des rivières adaptées. Là aussi nous avons quelques ayatollahs dénigrant les autres techniques et les pêcheurs les pratiquant. La pêche en nymphe à vue est, il est vrai, très attractive et élitiste.
Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.
Pêche mouche - montage - Truite - Ombre - rivières - étang - Nîmes - Cévennes - Lozère - Mont Aigoual - No-kill