Association Loi 1901 Les Moucheurs Nîmois

Techniques de pêche

Pêche en eaux rapides

par Bruno Lesur

Selon la région où il habite et les rivières qui sont dans son rayon d’action, un pêcheur va souvent se spécialiser dans une pratique qui conviendra le mieux à son environnement.
Ainsi, si certains sont polyvalents, on peut constater qu’il existe des pêcheurs d’eaux rapides adeptes des petites et moyennes rivières, des courants vifs et des pêcheurs de grandes rivières adeptes des longues dérives.

Passer d’un type de rivière à une autre n’est pas toujours évident, hors de sa zone de confort les repères manquent.

Nous allons aborder dans cet article la pêche en eaux vives en rappelant quelques principes de base.

Dans notre région ce sont les rivières que nous rencontrons le plus, les Cévennes, la Lozère et plus largement le sud du Massif Central regorgent de ce type de cours d’eau.

Photo d'une rivière encaissée

Les rivières

Du ruisseau de tête de bassin à la rivière de moyenne montagne, ces cours d’eau se caractérisent par des courants accélérés, des cascades, elles sont souvent parsemées de blocs rocheux, avec quelquefois une ripisylve importante rendant la pêche très technique.

Les poissons

Gestion souvent patrimoniale : pas ou très peu d’alevinage, on pêche des poissons de souche sauvage avec des robes spécifiques de la rivière. Par la sélection naturelle ces poissons sont capables de résister à des conditions de vie quelquefois délicates (étiage sévère, crue dévastatrice)

Photo de truite de souche

Approche du pêcheur

On appréhende pas de la même manière une rivière de montagne et une rivière de plaine. Certaines de ces rivières se méritent avec des accès difficiles : descente dans des gorges, marche d’approche. La pêche peut y être délicate avec des gros blocs de rochers à escalader, des fonds glissants, des à pics. Bonne condition physiques souhaitable et pêche en solitaire déconseillée.
Ces parcours sauvages sont souvent très peu pêchés, d’où leur intérêt. Il existe heureusement de nombreux parcours plus faciles d’accès et moins dangereux.

Le matériel

Le choix de la canne doit dépendre de la technique pratiquée. En pêche en nymphe il faut soigner les dérives, pêcher souvent canne haute il est préférable d’opter pour une 10 pieds soie de 4 ou 5 dont la longueur permet de répondre à ces impératifs.
En pêche en sèche il vaut mieux pêcher léger. Une 9 pieds soie de 3 ou 4 vous apportera de belles sensations. On pêche à faible distance, les poissons sont souvent de petite taille. Le plaisir de lancer et ferrer un poisson avec une canne légère trouve ici tout son sens . En cas de couverture végétale importante on adoptera des cannes de petite taille 8 à 9 pieds maximum pour ne pas galérer en s’accrochant dans les arbres.

Photo d'une rivière facile d'accès

Soie et bas de ligne

Quelle que soit la technique pratiquée, c’est une pêche rapide à courte distance, la longueur du bas de ligne ne doit pas excéder 3m-3m50 soit la longueur d’1 canne, 1 canne et demi maximum.
Très peu de soie dehors, on privilégiera le profil WF qui se charge rapidement. Bas de ligne dégressif conseillé.
La pointe du bas de ligne pourra être en 12 voire 14 centième sur des parcours torrentueux. Dans les eaux agitées les poissons sont moins regardants.

Les mouches :

Les nymphes doivent être assez lestées pour percer les courants et atteindre les poissons. Les billes en tungstène sont à privilégier ou du lestage classique avec des tours de plomb.
Les perdigones, à la mode en ce moment, descendent très vite du fait de leur peu de résistance à l’eau mais les nymphes plus traditionnelles fonctionnent aussi.

Les sèches seront en priorité des mouches incitatives, pas trop petites. Les courants sont rapides, les poissons ont à peine le temps de voir les mouches défiler à la surface.
Des modèles en 16, 14 voire 12 seront à employer.

C’est le moment de sortir les gros sedges en chevreuil, les araignées, la French tricolore et tout modèle flottant haut sur l’eau et bien visible par les poissons.
Il est important de bien voir sa mouche également, au milieu des courants, les poissons montent très vite, il faut ferrer sans retard.
Des imitations claires, quelques fibres type zlon ou aérofibre blanche ou fluo permettent une bonne visualisation au milieu d’une eau agitée

Photo d'une mouche bien visible

Positionnement des poissons

La pêche en eaux rapides est souvent une pêche de poste, les gobages sont assez rares. Si les postes sont bien marqués contrairement à la pêche en grande rivière, il faut avoir le «sens de l’eau» pour réussir parfaitement.
Il faut «penser truite» et connaître en fonction du niveau d’eau, de la saison, où les poissons ont le plus de chance de se trouver.
Les premières touches, les quelques gobages, s’il y a, auront une importance capitale, en nous donnant de précieuses indications sur le positionnement de nos partenaires de jeu.
La température de l’eau joue un rôle très important.

Schématiquement, on peut essayer de définir plusieurs cas de figure et déterminer pour chacun l’activité et le positionnement probable des poissons.

Photo d'une truite fario
Eaux froides

La pêche en rivière d’altitude, de tête de bassin est à déconseillée à la sortie de l’hiver. Ce sont des rivières souvent froides en début de saison. Si la température de l’eau est trop basse (inférieure à 4-5 °C) l’activité des truites sera très faible voire inexistante.
Il faudra privilégier les rivières de moyenne altitude, moins froides et choisir les heures les plus chaudes de la journée sur des parcours dégagés. Les truites vont économiser leurs forces, ne seront pas dans les courants et se déplaceront très peu pour attraper une proie. Que ce soit pêche en nymphe ou en sèche il faudra aller les chercher au plus près de leur cache (bordure, rocher) ou en nymphe lourde au fond.
Les poissons ne seront intéressés que par de belles bouchées, ne pas hésiter à présenter des modèles assez gros (hameçons de 12 ou 14).
On aura la chance, peut-être, sur les parties plus calmes de voir des éclosions (march brown, olive).

Pêche de printemps

Au fur et à mesure que le printemps va s’installer, les eaux vont se réchauffer, des éclosions plus massives vont se déclencher. Petit à petit les truites viendront se positionner dans les courants pour se nourrir. Il faudra, alors en sèche ou nymphe pêcher au plus près des caches mais également peigner les courants.

Pêche de mai à juillet

C’est la période où on pourra le plus facilement toucher du poisson pendant la journée. Ce sera le pic des éclosions de l’année. Les truites, les ombres seront dans les courants, même rapides, pour se nourrir de nymphes sous l’eau et d’insectes émergeants sur l’eau.

Période d’étiage

Les rivières d’eaux rapides auront l’avantage de garder souvent une certaine fraîcheur surtout si elles bénéficient d’une bonne couverture végétale. Il faudra privilégier ce type de parcours durant cette période. Les poissons rechercheront l’oxygène et la fraîcheur dans les courants. Les coups du soir en sèche pourront être très productifs.

Photo d'une bénéficient d'une couverture végétale

Techniques de pêche

Pêche en sèche

. Pêche amont

Il y a énormément de courants et contre-courants en eaux rapides, il est indispensable de ne pas faire draguer votre mouche. Il ne faudra donc pas pêcher tendu mais relaché (lancer parachute, courbe) afin qu’une fois posée sur l’eau, votre imitation passe sur le poste le plus naturellement possible.
Il est très important de maîtriser autant le coup droit que le revers. On utilisera l’un ou l’autre en fonction de son positionnement par rapport au poste pêché.
Il vaut mieux pêcher canne haute, à courte distance afin de laisser le moins de soie possible dans l’eau.
Le pêcheur ne doit pas hésiter à se déplacer également (rentrer dans l’eau, changer de rive) afin que son positionnement soit idéal.

. Pêche de trois quart

Pour atteindre des postes de l’autre côté d’un courant principal, il faudra pêcher canne haute, ne laissant que la mouche et le moins de bas de ligne possible afin que le courant entre vous et le poste ne tire pas sur votre fil ou votre soie.

Pêche aval

Peu de pêcheur la pratique. On présentera la mouche en premier, le bas de ligne et la soie devront être positionnés dans l’alignement du courant. Il faut maitriser ce lancer qui permet d’accompagner une dérive qui sera la plus naturelle possible.

Pêche en nymphe

Le plus difficile est de déterminer la profondeur à laquelle les poissons vont se tenir. Selon la saison, les niveaux d’eaux, la température il faudra prospecter les postes où les poissons vont se tenir à l’abri, le fond, ou pêcher dans les courants ou en bordures de ceux-ci.

C’est là que le choix du poids de la nymphe aura tout son sens. Il faut lancer son imitation en amont du poste convoité afin que la nymphe ait le temps de descendre et soit «pêchante» au bon endroit.
Trop de pêcheurs, dans les secteurs rapides, pêchent trop court et leur nymphe est emportée par le courant sans efficacité.
Sur un courant prometteur il ne faut pas hésiter à changer de poids de nymphe plusieurs fois. On aura quelquefois la surprise de sortir poisson sur poisson une fois la bonne profondeur atteinte.

Tout comme en sèche, la pêche en coup droit ou en revers, le positionnement du pêcheur est important afin d’avoir une dérive sous l’eau la plus naturelle possible.
On pourra utiliser si besoin 2 nymphes : une plus lourde en pointe, une plus légère à 40 cm au dessus en potence.
Afin d’optimiser leur chance de succès certains pêcheurs en nymphe ont un procédé imparable : 2-3 passages inertes, en laissant la nymphe dériver librement puis 2-3 passages en animant la nymphe afin de provoquer l’agressivité du poisson.

Autre technique très efficace, la nymphe glissée : on lance fil tendu, on laisse couler puis on tire de façon à ce que la nymphe remonte vers la surface un peu plus rapidement que la vitesse du courant.

Photo de végétation en bordure de rivière

Conclusion

Vous l’avez compris, la pêche en eaux rapides est une pêche de mouvement. On prospecte chaque poste, chaque courant et on passe au suivant. On remonte ainsi la rivière sur des centaines de mètres voir des Kms.

Il faut savoir que souvent les poissons de ce type de cours d’eau se décalent très peu pour attraper leur proie, surtout en début de saison.
Il faut donc faire passer votre sèche ou votre nymphe au plus près de leur poste.

ex : si vous pêchez le long d’un rocher bordé par un courant, à quelques cm près vous risquez de passer à côté d’une belle touche. Il faudra être très précis et choisir la dérive qui amènera votre mouche pile au ras de ce rocher pour espérer prendre une belle truite sauvage.

Autre astuce : dans les rivières rapides, vous avez par définition beaucoup de courants. Un courant principal et de part et d’autre des courants plus lents.
Afin d’économiser leur force les poissons qui se positionnent pour se nourrir se placeront souvent dans ces courants secondaires plus lents, mais riches en nourriture.

Photo d'une rivière rapide

Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.

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