Association Loi 1901 Les Moucheurs Nîmois

Rencontre avec ...

Yves Richard

Propos recueillis par Bruno Lesur en février 2017

Photo de Yves Richard

Yves Richard est une personnalité incontournable quand on veut parler de la pêche à la mouche en Haute-Loire.
Investi durant de nombreuses années dans le milieu associatif halieutique local, il s’occupe maintenant de la promotion et la diffusion à travers la France du Rise Festival qui parcourt de nombreuses régions françaises chaque année.
Nous l’avons rencontré pour parler avec lui de sa passion et de sa région.

  • BL : Bonjour Yves,
    Vous êtes depuis de nombreuses années impliqué dans la pratique de la pêche à la mouche avec notamment la création du Club Mouche de la Haute Vallée de la Loire, comment vous est venue cette passion ?
  • YR : Je pêche depuis fort longtemps et je crois que comme beaucoup, j'ai pratiqué toutes les formes de pêche ou presque.
    En réalité, mes parents avaient un chalet dans un petit village appelé Marlhes, à la limite de la Loire et de la Haute-Loire et c'est là que m'est venu je pense, mon amour de la Nature.
    En ce qui concerne la pêche à la mouche, c'est affaire de goût personnel. Car après tout, toutes les formes de pêche pourraient être défendables à la seule condition, bien entendu, qu'elles respectent le poisson et le milieu naturel. Je ne suis pas fanatique des ayatollas, y compris dans le domaine de la pêche. Mon fils Sébastien est guide pêche et enseigne de multiples techniques intégralement en No KILL ; Bien sûr, je suis passionné par la pêche à la mouche, mais bien plus en réalité par la protection du milieu naturel et de la Nature, sans laquelle la pêche à la mouche n'est jamais qu'une technique de plus.
    Si j'ai créé il y a quelques années le Club Mouche Haute Vallée de la Loire avec quelques amis, c'est que nous étions dans cette dynamique pêche et protection.
  • BL : La haute vallée de la Loire et ses affluents sont un peu votre jardin.
    On parle, pour 2017, de la création d’un parcours passion de plus de 10 kms en première catégorie sur la Loire, pouvez-vous nous en dire plus, et en quoi çela consiste-t-il ?
  • YR : Parcours "Passion"  sur la Haute Vallée de la Loire : Une première en France !
    (Pierre MONATTE, vice-président de l’aappma de Goudet-Arlempdes)
    À une quarantaine de kilomètres de sa source au fameux Mont Gerbier de Jonc, La Loire est déjà une grosse rivière entaillant des gorges profondes entre coulées de basalte et escarpements granitiques. La rivière présente une succession de courants vifs et de "plats" plus ou moins étendus : une diversité permettant de satisfaire tous les modes de pêche.
    Ici, la truite est reine et l’ombre surprend parfois le pêcheur : ces deux poissons emblématiques sont originels, on a prouvé récemment par exemple que l’ombre de la Loire constitue une souche génétique à part entière bien différenciée de l’ombre de l’Allier.
    Sur douze kilomètres d’une vallée majestueuse, avec à l’appui de la Fédération de Pêche de Haute-Loire, les sociétés de pêche du Pont de Chadron et de Goudet-Arlempdes regroupées sous l’Union Halieutique Loire Amont ont décidé de mettre en place dès l’ouverture 2017, un mode de gestion original et totalement novateur en France.
    L’idée de ce parcours est de protéger et dynamiser ces deux populations exceptionnelles de poissons.
    Le prélèvement de l’ombre est interdit et la truite fait l’objet d’un prélèvement raisonné (4 truites par jour) avec la mise en place d’une fenêtre de maille. En dessous de 25 cm, le poisson est remis à l’eau et originalité donnant tout son intérêt au parcours : au dessus de 35 cm le poisson est également remis à l’eau.
    L’idée de prélever le poisson entre deux tailles est un mode de gestion pratiqué ailleurs et notamment en Nouvelle-Zélande, pays bien connu aujourd’hui pour la taille exceptionnelle de ses truites. Bien que ce ne soit pas le seul facteur contribuant à la croissance record des poissons, l’idée de gracier les gros poissons permet une reproduction de géniteurs particulièrement bien adaptés à leur milieu et d’entretenir une descendance de taille moyenne sensiblement plus élevée : les gros poissons font des gros poissons… ce qui devrait développer un attrait halieutique bien supérieur.
    Le label "parcours passion" est édicté par la Fédération Nationale de la Pêche : le linéaire doit répondre à des critères qualitatifs dont l’objectif consiste en une valorisation économique des territoires concernés en terme d’animation, de communication et de tourisme. Autant de critères portés par un lieu unique et une des dernières rivières sauvages d’Europe : la Haute Vallée de La Loire.
    Pour plus de renseignements :
    Un film (sortie le 08/04/2017) : Nouvelle-Loire
    Sites web :
    www.peche-goudet-arlempdes.com
    www.pechehauteloire.fr
  • BL : Vous vous occupez également du Rise Festival en France pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Le Rise Festival a été créé, si je ne me trompe en Nouvelle-Zélande, comment la rencontre s’est faite entre les Kiwis et les Ponots (habitants du Puy en Velay)?
  • YR : Le RISE Festival a été crée en Nouvelle-Zélande par Nick Reygaert il y a une dizaine d’années. C’est un festival international. Au début du RISE France, l’organisation était signée Club Mouche Haute Vallée de la Loire. Depuis quatre ans, nous nous sommes professionnalisés et l’équipe est composée de Pierre Monatte, Sébastien et Yves Richard.
    Nous avons commencé par une seule ville, le Puy en Velay et nous en sommes à 24 projections cette année, devenant ainsi la plus grosse tournée européenne et devançant même les Australiens.
    Nous commençons à être connus partout en France nos partenariats se multiplient. Ceci dit, c’est une aventure qui s’étale sur presque huit mois de l’année entre la préparation et la tournée.
    C’est donc une machine qui devient complexe.
    L’intérêt du RISE est d’introduire de l’esthétisme dans le monde de la pêche par le biais du cinéma, tout en délivrant un message de préservation de cette beauté que l’on devine fragile.
  • BL : Quand on voit les images tournées dans certains pays avec une richesse halieutique incroyable, on se dit qu’en France on a les rivières mais pas forcément les poissons.
    Qu’est-ce qu’il manque selon vous à notre pays pour rivaliser avec certaines destinations mythiques ?
  • YR : Question simple et réponse simple.
    Ce qu’il manque tient pourtant en peu de mots. Une volonté politique réelle d’une part et un peu moins de complaisance de la part des institutionnels de la pêche. Pour avoir des poissons il faut deux choses : Une eau de bonne qualité et des prises limitées en nombre avec des tailles adaptées (voir le projet de Goudet).Donc, tant que les pouvoirs publics laisseront les agriculteurs, les fromageries, les laboratoires pharmaceutiques, les industries, les particuliers et j’en oublie, empoisonner les rivières et EDF faire la loi sur les débits de barrage, la situation en France demeurera ce qu’elle est. Ce n’est pas une vue de l’esprit vu l’état de certaines rivières en France. Vous n’avez qu’à voir l’état de la Bienne, les pêches actuelles sur les bancs de Bars au large de la Rochelle ou encore la problématique du saumon sur L’Allier qui dure depuis une éternité sans que rien n’avance vraiment. Et ce ne sont que quelques exemples sur des milliers. Mais la raison essentielle pour moi, c’est l’indifférence quasi générale des pêcheurs vis à vis de l’état des rivières.
    Une infime poignée de pêcheurs est engagée dans la protection du milieu.
    L’équation française est la suivante :
    Carte de pêche = poissons et rentabilité.
    Et quand il n’y en a pas ou plus on en met. Cela s’appelle acheter la paix sociale. Un poisson doit obligatoirement terminer dans une assiette.
    Si on inverse les choses en établissant ceci :
    Qualité de l’eau = poisson sauvage = pêcheur éduqué, raisonnable et mobilisé, nous aurons de gros poissons, y compris en zone granitique toute proportion gardée.
    Utopie me direz vous ? Je n’en crois pas un mot, c’est la seule solution. De surcroît, les destinations mythiques (sauf la Slovénie devenue une catastrophe écologique) ont compris qu’un pêcheur à la recherche de gros poissons sauvages est une manne économique (guides, hôtels, campings, location de véhicule, achat de matériel etc. En France, on est encore loin, très loin de tout ça... même si certaines fédés et des aappma militantes font un super boulot.
    L’AAPPMA d’Argentat ou des Moneydières en Corrèze par exemple. Pour ma part, j’ai été membre du bureau d’une aappma pendant presque vingt ans, élu fédéral, président de club et j’en passe. J’ai démissionné de toutes ces fonctions. Ce en quoi je crois par contre c’est à la nouvelle génération des pêcheurs sortie des ateliers pêche nature, animées par de jeunes techniciens fédéraux ou des guides pêches, les camps pêche des clubs etc.
    Quand cette génération initiée à la Nature et au respect de l’eau aura pris sa place, je pense que la rivière aura vraiment une chance...en attendant...
  • BL : Un souvenir qui vous a marqué en tant que pêcheur ?
  • YR : Souvenir fugace d'une première truite prise par hasard au ver d'eau sur le Lignon de Tence en Haute Loire à l'âge de sept ou huit ans alors que je pêchais le goujon avec mon père sous le soleil de juin. Ce poisson a très certainement déclenché ma passion pour la Nature.
  • BL : Le top 5 de vos rivières préférées
  • YR : En Haute Loire, j'ai eu mes rivières préférées, telle que le haut Lignon en dessous de Chaudeyroles. Nous sommes juste au dessous du Mezenc et on se croirait en Irlande. Autrement je pêche souvent la Haute Vallée de la Loire sur le parcours no kill de Goudet. J'adore également pêcher les lacs et rivières de montagne dans la Vanoise. Le paysage est grandiose et les eaux d'une clarté absolue. L'Albarine est également une de mes destinations dans le Bugey, et bien entendu la Dordogne. Pour moi Argentat réussit pour le moment une gestion exemplaire en matière de grosses truites et ombres J'aime bien également la Ziller une petite rivière autrichienne que je n'ai pas visitée depuis assez longtemps.
  • BL : Dernière question rituelle : on ouvre votre boite à mouches, quels sont vos modèles incontournables ?
  • YR : Du chevreuil et encore du chevreuil. J'aime beaucoup pêcher les courants avec ces mouches, dans des variantes d'éphémères, de sedges ou de sauterelles. Des mouches rustiques et solides. J'ai également pas mal de montages parachutes en plusieurs tailles et couleurs, des culs de canard, des babarottes en foam ou chevreuil et quelques diptères et autres chironomes. Rien d'original, mais je m'en sers depuis tellement longtemps.
    Pour le reste je tente de m'adapter modestement à ce que je vois.
  • BL : Merci beaucoup Yves et bon Rise festival 2017

Photo des organisateurs du Rise Festival France
Affiche du Rise Festival France 2017
Pêche sur la Loire
Photo Lac du Bouchet
Photo Lac du Bouchet
Photo Lac du Bouchet
Photo Chateau en Haute-Loire
Photo Lac du Bouchet
Photo Lac du Bouchet
La Haute Vallée de la Loire

Toutes les photos appartiennent aux membres des Moucheurs Nîmois, si vous souhaitez les utiliser, merci de nous mettre en crédits.

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